La Nouvelle Babylone

 

 

 

L'ORIGINE DE LA COMMUNE

De 1804 à 1870, la France a vécu principalement sous des régimes politiques plus ou moins autoritaires : Premier EmpireRestauration,Monarchie de JuilletSecond Empire. Le régime républicain et la démocratie n'ont été que des expériences passagères.

La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au gouvernement révolutionnaire de la Commune de 1792, ainsi qu'à l'insurrection populaire de juin 1848, sous la Deuxième République, qui a été réprimée de façon sanglante par le gouvernement issu de la Révolution de février 1848.

La Commune de Paris est une période insurrectionnelle de l'histoire de Paris qui dura un peu plus de deux mois, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection contre le gouvernement, issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel, ébaucha pour la ville une organisation proche de l'autogestion. Elle est une réaction à la défaite française de laguerre franco-prussienne de 1870 et à la capitulation de Paris.

La Nouvelle Babylone
Film de Grigori Koznitsev et Leonid Trauberg. (URSS, 1929, 1h33mn, noir et blanc, muet)
Scénario : Grigori Koznitsev et Leonid Trauberg, inspiré des romans de Zola Au bonheur des dames, La débâcle, Nana, et du texte de Karl Marx La Commune de Paris.
Avec : Elena Kouzmina (la vendeuse Louise) Piotr Sobolievski (le soldat Jean), David Goutman (le patron du grand magasin), Sofia Magarill (l’actrice), Sergueï Guerassimov (le journaliste Loutro), S. Goussev (Poirier) 
Image : Andreï N. Moskvine, Evgueni Mikhaïlov
Montage : Grigori Koznitsev et Leonid Trauberg
Décors : Evgueni Eneï
Production : Sovkino ZDF. version sonorisée (2006), avec la participation de la zdf/arte
musique originale de Dimitri ChostakovitchF(1929), interprétée par l’orchestre
symphonique de la swr, sous la direction de Frank Strobel

FILM MUET DE GRIGORIJ KOZNITSEV ET LEONID TRAUBERG

 

Paris, 1871, la Commune. Une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone se lance à corps perdu dans l’insurrection… 
Un grand classique du cinéma muet soviétique, sur une musique de Chostakovitch.

En 1871, les soldats français partent au front, la bourgeoisie parisienne applaudit aux cris de “À Berlin !” et continue de vivre une vie joyeuse. Dans le grand magasin Nouvelle Babylone, c’est l’époque des soldes. La jeune vendeuse Louise est invitée au bal par son patron. Mais la fête tourne court car l’armée française est battue et les Prussiens marchent sur Paris. La bourgeoisie qui hier fêtait les soldats est prête aujourd’hui à capituler. Mais le peuple de Paris ne veut pas se rendre. Il investit l’Hôtel de Ville et organise avec enthousiasme un “gouvernement” de la Commune de Paris. 

La première musique de film de Chostakovitch La Nouvelle Babylone fut réalisé en 1929 par la FEKS (Fabrique de l’acteur excentrique), la fameuse école de cinéma de Leningrad. Le collectif artistique créé autour des metteurs en scène Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg était “au temps du muet, le meilleur non seulement de Leningrad mais de toute la cinématographie soviétique, et exemplaire par son très haut professionnalisme”, affirme Nikolaï Lebedev dans ses Essais sur l’histoire du cinéma de l’URSS (1965). Les FEKS furent parmi les premiers à donner toute son importance à l’accompagnement musical des films. Dès 1928, ils s’attachent les talents de Dimitri Chostakovitch. 

Le compositeur n’a que 23 ans lorsqu’il crée la musique de La Nouvelle Babylone. Une partition expérimentale, très exigeante pour l’orchestre et qui dérange les habitudes du public. Chostakovitch y donne libre cours à son humour et à son goût du grotesque. Il cite pêle-mêle des danses (valse, cancan, galop…), des chants révolutionnaires français (“La carmagnole”, “Ça ira”) ainsi que “la Marseillaise”, qu’il superpose à un thème d’Offenbach pour créer un remarquable effet comique. À l’époque de La Nouvelle Babylone, les films n’étaient pas sonorisés.

La musique qui les accompagnait était exécutée dans la fosse d’orchestre. C’est Chostakovitch lui-même qui, au pupitre, défendit sa partition, plan par plan, au vu des images sur l’écran. Dans la version diffusée ce soir par ARTE, la musique est interprétée par l’Orchestre symphonique de la SWR sous la direction de Frank Strobel

 

Dimitri Chostakovitch a 22 ans, le succès international de sa Symphonie n°1 l’a libéré de son travail alimentaire de pianiste de cinéma, le film est encore muet. Mais voilà déjà qu’il y revient, par la grande porte, à l’occasion d’une première commande pour un film historique sur la Commune de Paris, qui est réalisé par deux cinéastes d’avant-garde, Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg. Avec leur accord, il prend le parti que la musique ne soit pas la simple illustration des images, mais qu’elle soit le contrepoint, parfois même le contrepied. Il n’a qu’un mois pour composer une partition de 90 minutes pour 14 à 20 musiciens. Fort de son expérience du Nez d’après la nouvelle de Gogol, l’auteur favori de Kozintsev et Trauberg, il écrit une musique virtuose, sarcastique, canaille avec ses emprunts à Offenbach (French cancan oblige !) et à la Marseillaise, qui incarne la transposition au cinéma de l’effervescence artistique de cette période révolutionnaire.

Moins de deux semaines avant la première, les réalisateurs bouleversent le montage, et Chostakovitch n’a que six jours pour réécrire la partition symphonique, et trois pour préparer les parties des musiciens. L’exigence virtuose, le parti-pris original qui va à l’encontre des pots-pourris de Tchaïkovski, Grieg et Wagner utilisés ordinairement, le manque de préparation, tout concourt au fiasco : « le chef est saoul ! » s’exclame-t-on le soir de la première le 18 mars 1929. Deux mois auparavant, un décret officiel avait imposé la « prolétarisation » de l’art afin qu’il soit accessible aux masses, la fin de l’âge d’or des années 20 est amorcée. La partition fut retirée, retrouvée à la Bibliothèque de Leningrad en 1975 peu après la mort de Chostakovitch, éditée intégralement en 2004 par les éditions DSCH, et enregistrée ici dans une version préparée par Mark Fitz-Gerald et qu’il a souhaité la plus proche possible des intentions du compositeur. En effet, la partition publiée restituait tout ce qui avait été écrit par Chostakovitch, mais la précipitation dans laquelle la musique avait été achevée dans les jours précédant la sortie du film avait entraîné un nombre important d’erreurs et d’incohérences avec le film

 

LE CD de Mark Fitz-Gerald (PDF en Anglais)

La différence la plus remarquable par rapport aux versions de James Judd (Capriccio, 1990) et Frank Strobel (Haenssler Classics, 2006) est le recours à la formation originelle de quatorze musiciens, qui correspond à la taille des fosses d’orchestre des cinémas de Leningrad. Cette formation restreinte sous la baguette vive et précise d’un Mark Fitz-Gerald rompu à l’exercice de musiques de film en concert, redonne à cette partition importante de l’Histoire du cinéma, son sel et ses couleurs d’origine.

EXTRAITS DU CINE-CONCERT

 

DEBUT - Le Cancan - Annonce de la défaite.

 

 

 

 

Les femmes reprennent LES CANONS.

 

 

 

 

LES BARRICADES - Les premiers morts.

 

 

 

 

LES PRISONNIERS insultés par les bourgeois.

 

 

 

 

 

LES FUSILLADES - La commune succombe.

 

 

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