Journée mondiale pour la fin du spécisme : en finir avec les préjugés.

Un article du journal "Libération" du 23 août 2019
 

Pour l’organisation Peta, les humains sont très tôt imprégnés par les discours et pratiques destructrices envers les autres animaux. Mais ils se doivent de désapprendre ces croyances.

A une époque où la cause animale marque les esprits, vous avez certainement entendu le terme spécisme. Certes, il n'est pas aussi répandu quê les termes «racisme» ou «sexisme», mais il s'agit d'un mode de pensée tout aussi' destructif pour ses milliards de victimes. Le 24 août, vous risquez de beaucoup entendre ce mot, car c'est la cinquième Journée mondiale pour la fin du spécisme.

 

Peta (Pour une éthique dans le traitement des animaux) définit le spécisme comme une vision du monde qui s'appuie sur une fausse hiérarchie entre les espèces - l'humain est considéré comme supérieur - et crée des distinctions sans réel sens entre les autres animaux. Cette perspective est bien plus dangereuse qu'une simple croyance erronée, puisqu'elle justifie et permet la reproduction, l'exploitation, l'esclavage et le massacre de milliards d'êtres tout aussi sensibles que nous, pour la consommation, les vêtements, le divertissement, etc. Mais qui sommes-nous pour décider qu'une espèce est plus, . importante qu'une autre? Que la vie d'un animal a plus de valeur que celle d'un autre ?

Les exemples de distinctions spécistes abondent dans la vie de tous les jours et nous en sommes tous témoins (bonjour, thon en boîte certifié «respectueux» des dauphins).

En fait, à moins d'avoir été élevé en tant que végan éthique, nous en avons tous été coupables: avez-vous déjà câliné un chat tout en portant des chaussures en cuir ? Vous ne feriez du mal à votre chien pour rien au monde, pourtant vous plantez votre fourchette dans un morceau de cochon... Et êtes-vous une de ces personnes qui a été profondément choquée par le scandale des lasagnes Findus, trouvant le fait de consommer du cheval choquant mais la chair de vache normale ?

Le spécisme est aussi subconscient qu'omniprésent, l’exploitation des animaux est systématique et terriblement normalisée dans notre quotidien: des produits dans notre assiette aux articles de notre garde-robe, en passant par notre maquillage, nos loisirs (courses de chevaux..:) et activités touristiques (promenades en calèche ou à dos d'éléphant).

 

Se défaire de cette vision préjudiciable de ces «autres» demande de l'effort, mais pas tant que ça: il suffit de se mettre à leur place, de prendre leurs intérêts en compte, de se demander comment nous vivrions une même situation abusive et injuste si nous devions en faire l'expérience. Nous pouvons tout à fait débarrasser notre société de cet «-isme», aussi absurde que tant d'autres, et aux conséquences cruelles, violentes et destructrices. Mettre le spécisme au défi pour mettre fin à l'injustice qu'il engendre. Au mieux, le spécisme est l'adhésion naïve à la propagande qui nous bombarde depuis la naissance (financée par les lourds lobbys de la viande et autres industries qui tirent profit de l'exploitation animale). Au pire, c'est l'ignorance volontaire des preuves accablantes que tous les animaux sont, au niveau de leur capacité à ressentir la souffrance et à éprouver des émotions et des liens affectifs qu'ils tissent, semblables et ont le même intérêt à vivre. Commençons par reconnaître qu'il s'agit d'individus méritant notre respect, et mettons cette perspective en pratique en refusant de participer à leur exploitation.                                           

La perspective spéciste est si ancrée dans notre enseignement et notre compréhension de tout ce qui nous entoure qu'elle s'y camoufle facilement. Ainsi, nous pouvons être pardonnés pour avoir longtemps accepté sans les remettre en question les lignes invisibles tracée entre les espèces par certains acteurs de notre société. Mais il arrive un moment donné où nous nous devons d’examiner de manière critique les croyances qui ne nous servent plus, qui mettent notre environnement en danger et justifient les maltraitances de celles et ceux qui partagent cette Terre. Ce moment est maintenant. Nous vivons dans l'ère de l'information, et mieux savoir implique l'obligation de mieux agir.

 

Comme d'autres «-ismes», le spécisme est acquis et peut être désappris. Il suffit de se demander s'il y a véritablement une raison logique pour laquelle nous admirons les perroquets tout en considérant les poules comme des «machines à œufs», et que nous protégeons les antilopes tandis que les vaches (appartenant à la même famille des bovidés) se font arracher leurs bébés et sont exploitées comme des «distributeurs de lait. Le spécisme n'est basé sur aucun entendement rationnel, s'effrite sous la critique et conduit à l'asservissement, aux maltraitances systématiques et à de violents massacres. Si l'égalité est l'une de nos valeurs fondamentales, comme elle se doit de l'être, prenons le temps de réfléchir à la meilleure façon de la vivre pleinement. Un bon départ serait de célébrer cette Journée mondiale pour la fin du spécisme en faisant en sorte que nos choix de consommation ne soutiennent pas la maltraitance et le massacre 'd'êtres sensibles.

Par .

MIMI BEKHECHl : directrice des programmes internationaux chez Peta

ANISSA PUTOIS : chargée de communication chez Peta France

MATHILDE DORBESSAN : chargée des relations avec les entreprises chez Peta France .

MARIE-MORGANE JEANNEAU chargée de campagne et de communication numérique chez Peta France

CHLOÉ GALARD responsable des adhésions chez Peta France

 

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