Courrier des lecteurs du Monde Diplomatique

Wi-Fi

L’article de Julien Brygo « Travail, famille, Wi-Fi » (juin 2020) a suscité de nombreuses réactions. M. Patrick Chalmeau relate son expérience de la numérisation du secteur bancaire et s’interroge sur les moyens d’y résister.

Jai vécu moi aussi l’aventure de M. Bricout, avec La Banque postale, qui m’enjoignait d’installer l’application Certicode Plus. Ne possédant pas de téléphone intelligent, et refusant d’en avoir un, j’ai obtenu de pouvoir continuer à accéder à mes comptes et de faire des achats sur Internet, mais pour combien de temps ? Il devient évident que bientôt on ne pourra plus faire grand-chose sans smartphone et les applications qui vont avec. Refuser, c’est bien ; résister, c’est mieux. Y a-t-il des moyens juridiques pour empêcher l’État et les nombreuses entreprises, publiques ou non, de nous obliger à acheter un appareil, vendu par une société, ou des sociétés privées, à acheter des forfaits ou abonnements de communication, pour accomplir les multiples actes de la vie courante ? À ma connaissance, nul n’est obligé par la loi à posséder un téléphone, fixe ou non. Nul n’est obligé par la loi à posséder un ordinateur et à l’utiliser. Pourtant, par exemple, ceux qui ne font pas leur déclaration d’impôts sur Internet et continuent à faire des déclarations papier sont pénalisés financièrement, ce qui n’est pas acceptable. Il ne s’agit pas de minimiser les nombreux et indiscutables avantages et progrès liés à Internet. Il s’agit de refuser et d’obtenir le droit de choisir la manière dont on veut vivre, y compris dans le monde moderne.

Mme Marie Bougnet dresse, quant à elle, un parallèle avec la situation de La Poste :

Je relie le « tout Internet » avec la décrépitude de La Poste. Ce service aurait dû être un des plus actifs pendant le confinement. Il aurait pu pallier le manque de contacts physiques. Mais, dès le début du confinement, c’est le contraire qui s’est passé : fermeture des postes locales, d’où engorgement, d’où service en déshérence. Tenue éloignée de mes petits-enfants (qui n’ont pas encore d’adresse Internet), j’ai voulu garder le lien par courrier postal, leur faire envoyer des livres et autres cadeaux pour leurs anniversaires : quinze jours, un mois, deux mois pour une lettre ou un paquet, parfois à quatre kilomètres de chez moi. Ce service aurait pu redorer son blason pendant le confinement : il s’est sabordé ! Il n’a pas été considéré par le gouvernement comme essentiel, et votre article m’a éclairée : les vrais contacts, sans Internet, c’est has been !