à
Alfred de MUSSET
Je
suis très émue de vous dire que j’ai bien
compris l’autre soir que vous aviez toujours
une envie folle de me faire danser.
Je garde le souvenir de votre baiser
et je voudrais bien que ce soit là
une preuve que je puisse être aimée par
vous. Je suis prête à vous montrer mon affection
toute désintéressée et sans cal- cul,
et si vous voulez me voir aussi vous
dévoiler sans artifice mon âme toue
nue, venez me faire une visite. Nous
causerons entre amis, franchement. Je
vous prouverai que je suis la femme sincère,
capable de vous offrir l’affection la
plus profonde comme la plus étroite en
amitié, en un mot la meilleure preuve que
vous puissiez rêver, puisque votre âme
est libre. Pensez que la solitude où j’ha- bite
est bien longue, bien dure et souvent difficile.
Ainsi en songeant j’ai l’âme grosse.
Accourez donc vite et venez me la faire
oublier par l’amour où je veux me mettre. George SAND |