JOSEPH DE HENNEZEL PUIS D'HENNEZEL
CHEVALIER, SIEUR DE LA ROCHÈRE.
Fils de Philippe Emmanuel de Hennezel du Mesnil. Il naquit vers 1739. a l'âge de vingt trois ans, il épouse en l'église d'Attigny (12 janvier 1762) Brigitte de Massey, âgée de vingt deux ans (née le 26 mars 1740) fille d'Antoine de Massey, écuyer, sieur de la Grande Catherine puis de la Sybille et de la Frison et, d'Anne-Rose de Hennezel de la Sybille.
Joseph habite d'abord Claudon, chez ses beaux-parents, puis se fixe à la Rochère après qu'il eut acheté à son beau-frère François, ses biens situés dans cette verrerie (28 octobre 1771). Quatre de ses enfants y naissent.
En 1774, il assiste en l'église d'Hennezel au mariage de son beau-frère Nicolas, sieur de la Franau, et en 1776, à la frison au contrat de sa sœur Jeanne avec Charles-Castul de Massey. Au début de l'été 1778, en l'église de Claudon, Joseph est témoin de son frère Léopold qui épouse Christine de Bonnay (22 juin 1778). Trois mois plus tard, en l'église d'Hennezel, « Le sieur Joseph d'Hennezel, chevalier, demeurant à la Rochère » est témoin du mariage de son demi-frère Nicolas. Il signe « J.H. d'Hennezel » (3 août 1781).
Brigitte de Massey mourut à la Rochère, âgée de quarante quatre ans, après avoir donné le jour à onze enfants. Elle fut inhumée dans le cimetière de Passavant (5 février 1784). Son époux est dit absent à la Rochère en 1789, lors du décès de son dernier fils Antoine-Alexandre (2 mois) et du mariage de son fils aîné Joseph-célestin (9 septembre). Il mourut pendant la révolution, avant le 25 juillet 1796.
Ses enfants furent,
1 - Antoine de Hennezel, écuyer, né en 1762 et baptisé en l'église d'Attignv le 23 septembre. Parrain, Antoine de Massey, son aïeul maternel. Marraine, Marie-Josèphe d'Hennezel. Cet enfant dut mourir au berceau.
2 - Philippe-Emmanuel de Hennezel, écuyer, né à la Grande Catherine le 19 août 1763. Il fut présenté le lendemain au baptême en l'église de Martinvelle par son aïeul paternel qui signe « P. Dehennezel » et Françoise de Massey,sa tante. Il mourut deux jours plus tard.
3 - Joseph-célestin de Hennezel puis Dhennezel, chevalier. Né a la Rochère le 20 mai 1776. baptisé le lendemain en l'église de Passavant. Parrain, Marc Antoine du Houx, écuyer. Marraine, Françoise de Massey, sa tante.
A l'âge de onze ans, il est parrain de son sixième frère, appelé comme lui Célestin (7 Septembre 1177). L'été suivant, en l'église de Martinvelle, il présente au baptême un enfant de la paroisse. Le cure note, le parrain est âgé de douze. ans. Il signe « C. Dhennezel » . (12 septembre 1778). Un an plus tard, on retrouve sa signature et celle de son frère, messire Joseph Dhennezelle sur l'acte d'inhumation de son frère Stanislas, mort à huit mois (4 octobre 1779).
Au début de mars 1785 Célestin d'Hennezel, chevalier, demeurant à la Frison est parrain en l'église de Claudon d'un cousin germain qui est nommé Léopold, mais qu'on surnomme Célestin, en souvenir de son parrain, pour ne pas le confondre avec les nombreux Hennezel portant à cette époque le prénom de Léopold (13 mars 1785).
Au début de la révolution (9 septembre 1789) le chevalier célestin d'Hennezel, âgé de vingt trois ans. épouse à Claudon, sa cousine Marie-Christine de Hennezel de la Sybille, de deux ans plus âgée que lui. Elle est fille de Charles III chevalier, seigneur de la Sybille, et de Catherine de Bonnay de Meurville. la mariée a pour témoins ses deux frères, Philippe Emmanuel et Nicolas Joseph, chevalier, et le jeune époux, le chevalier Alexandre de Bonnay demeurant à Leppenoux. Le ménage se fixe à Francogney.
La signature « C. de Hennezel se trouve un peu plus tard, au bas de l'acte de mariage de son beau-frère Nicolas-Joseph qui épouse, en l'église de Vioménil, Agnès de Finance de la Bataille (25 octobre 1790).
On perd la trace de Célestin à partir de cette époque, il n'était pas présent à l'inhumation de son fils en pleine terreur (11 avril 1793). On pense qu'il mourut pendant l'émigration.
Sa veuve se remaria sous le consulat (4 septembre 1802) avec François Antoine colin, émigré, échappé à la guillotine, qui avait servi à l'armée des princes et qui devint chevalier de Saint-Louis sous la restauration et juge de paix à Monthureux-sur-Saône. la veuve de Célestin et son second époux finirent leurs jours dans cette bourgade (Voir chapitre 18).
De son premier mariage, elle avait eu,
- Alexandre auguste d'Hennezel, né à la Neuve-Verrerie le 5 juin 1790, il fut baptisé le même jour en l'église de Charmois. Parrain, Alexandre de Bonnay chevalier, demeurant à Claudon et marraine, Bonne de Massey. Ce fils unique mourut à Francogney le 11 avril 1793. En l'absence de son père, son décès fut déclaré par son oncle maternel le chevalier Nicolas Joseph d'Hennezel.
4 - Nicolas-Joseph de Hennezel puis d'Hennezel, écuyer. Né à la Frison, baptisé à Hennezel (le 3 juin 1770) il eut pour parrain Nicolas de Hennezel et pour marraine Véronique de Massey.
Nous savons peu de chose sur son existence. Émigre, puis rentré en France vers 1793, il trouve un refuge en Bourbonnais. En 1802, il résidait depuis neuf ans dans la commune Montet-aux-Moines (Arrondissement de Moulins-Allier) lorsqu'il fut rayé de la liste des émigrés. Il prêta le serment à la nouvelle constitution à Moulins le 29 mai 1892. Son certificat d'amnistié est daté du 8 mars 1803.Sous la restauration, il est cité, avec ses frères, Célestin et Léopold, dans le testament de Léopold de Massey de Bisval (22 avril 1826). D'après cet acte, il était à cette époque « employé » à l'exploitation des houillères aux environs de Moulins, en Bourbonnais.
5 - Léopold de Hennezel, ou d'Hennezel, chevalier qui suit.
6 - Célestin de Hennezel puis d'Hennezel, chevalier. Né à la Rochère le 8 septembre 1777, il fut présenté au baptême, en l'église de Passavant par son frère aîné Joseph-Célestin et Marguerite de Hennezel. Ce gentilhomme eut une existence traversée, les états de service au ministère de la guerre permettent de la reconstituer. Son dossier contient un certain nombre de lettres et déclarations émanant de l'intéressé et qui présentent quelques variantes. Suivant que le gentilhomme les destinait à l'empereur ou au roi.
Émigré à quatorze ans, dés le mois de juillet 1792, Célestin figure sur les contrôles de l'armée de Condé comme enfant surnuméraire, dans la compagnie de Massey. Elle comprenait un grand nombre de gentilshommes verriers du pays de Vosges, ses parents. Le 15 mars 1793, il quitte l'armée pour regagner la Lorraine, il y reste jusqu'au 24 septembre 1799, à cette date, il émigra de nouveau, rejoignit l'armée royale et fait campagne avec elle jusqu'au 4 mars 1801. Revenu en France, il est arrêté et incorporé comme conscrit au 3eme régiment d'infanterie (28 juillet 1801). Il servait comme caporal-fourrier au 2ème bataillon de ce -régiment, caserné au château de l'ile d'Oléron (le 1 septembre 18d'4) lorsqu'il adressa à Napoléon une supplique pour solliciter sa radiation de la liste des émigrés. Il explique ainsi à Fouché sa conduite depuis le début de la révolution.
« Au mois d'avril 1792, n'étant âgé que de quatorze ans, privé de mes parents et resté à la disposition d'un frère dont j'étais maltraité, j'ai suivi machinalement et sans connaissance de cause, le torrent de l'émigration. j'ai parcouru successivement la suisse et une partie de l'Allemagne où je rencontrai un autre frère qui était au service de ce pays, depuis une époque bien antérieure à la révolution. J'ai pris moi-même du service, et, entrant en âge de raison, j'ai reconnu bientôt mon étourderie, ne voulant pas devenir criminel en servant les ennemis de mon pays, j ai décidé de rentrer en France, en l'an IX, dans l'intention. D'aller à Paris, avouer ma faute au gouvernement et lui demander pardon. N étant muni d'aucun papier, j'ai été arrêté dans le département de l'Allier et réputé faire partie de la conscription, ce qui était vrai. Depuis cette époque, je n'ai pas quitté le corps où j'ai été envoyé (alors 90ème demi brigade). Je me suis cru des lors, à l'abri de tout, je n'ai pas eu connaissance, jusqu'à ce moment, des lois bienfaisantes rendues sur les émigrés. Je désire ardemment profiter du bénéfice de ces lois et n'être pas le seul français qui n'aurait pas ressenti les heureux effets de la clémence et de la justice de notre auguste monarque. C'est pourquoi,j e supplie humblement votre excellence, de jeter sur moi un regard protecteur et d'avoir la bonté de me tirer de l'état précaire dans lequel je languis, en m'accordant mon élimination d'une liste fatale sur laquelle l'étourderie du bas âge et le défaut de raison ont pu me faire figurer. Plein de confiance dans les principes bien connus de bienfaisance et d' humanité de votre éminence, le suppliant vous prie de lui permettre de vous offrir l'hommage de la reconnaissance la plus vive et la plus sincère, pour la faveur signalée à laquelle il ose prétendre... »
Il signe d'une belle et haute écriture « d'Hennezel » encadrant son nom d'une boucle et d'un paraphe assez harmonieux malgré sa complication.
Célestin n'obtint son congé de reforme que deux ans plus tard (7 février 1806). Il revint au pays où il épousa (5 juillet 1806) Suzanne, Françoise, Thérèse du Houx de Châtillon âgée de trente neuf ans, née à Claudon (24 août 1763) fille de Paul du Houx, écuyer, sieur de Chastillon et de Suzanne de Hennezel de Beaumont.
Au printemps suivant (10 mai 1807) il obtient de dix habitants de Claudon, un certificat de résidence à joindre à une nouvelle demande de radiation de la liste des émigrés. Cette supplique est adressée (20 octobre) au ministre de la police impériale, par l'entremise de l'avoué Bontront de Vesoul. Elle débute en termes ampoulés et flatteurs.
« Monseigneur, dans le temps heureux où, par le génie et la bienfaisance du chef auguste de l'empire, toutes les divisions sont pacifiées, les haines enfantées par l'horrible révolution sont éteintes et les malheureux rendus à leur patrie que les persécutions leur avaient fait abandonner, Célestin d'Hennezel, natif de Passavant, établi à Claudon, se voit obligé de réclamer auprès de V.E sa réintégration dans tous ses droits de citoyen pour sa tranquillité, son bien être et celui de ses enfants ... »
Cette ultime supplique fut entendue. Célestin put prêter le serment de fidélité à l'empereur au début de décembre devant le préfet de la haute-Saône (5 décembre 1807 mais il ne reçut son certificat d'amnistie que trois ans plus tard (5 décembre 1810). Depuis le printemps de cette année la, il avait été nommé maire de Claudon (2 juillet 1810).
Au début de janvier 1811, Célestin et sa femme achètent des droits de verrerie à la Grande Catherine, à leurs cousins Simon Lemonde et Rose d'Hennezel du Mesnil, ainsi qu'à la sœur de cette dernière, Jeanne Françoise. Il signe « d'Hennezel » et sa femme « Suzanne du Houx » (20 janvier 1811).
Le gentilhomme gère avec soin les intérêts de la commune à la satisfaction de ses administrés - il est habile, obligeant et dévoué - il jouit de l'estime générale. Son ménage envisage une existence paisible.
La chute de Napoléon et le retour des bourbons au printemps de 1814, engage aussitôt l'ancien émigré à tourner casaque. Il écrit au ministre de la guerre.
« J'ai subi prés d'un an de prison, sous le règne de Robespierre qui a voulu punir en moi le dévouement et l'amitié fraternelle et les efforts que j'ai faits pour sauver mes amis au péril de ma liberté... nommé maire de Claudon depuis 1810, lorsque les alliés sont entrés en France, je me suis conduit en les félicitant, de tout mon pouvoir, comme devait le faire un gentilhomme français qui ne reconnaissait pour souverain que notre monarque adoré Louis XVIII. Tels sont mes titres si je n'ai pas mieux fait, ce n'est pas la bonne volonté, c'est l'occasion qui m'a manqué. Je demande à reprendre mon service dans l'armée et j'ose, en même temps, solliciter la plus noble des faveurs que puisse obtenir un militaire français, la décoration de la croix de Saint Louis » (2 juillet 1814).
Cette requête est accompagnée du certificat élogieux que lui a délivré, le 4 mai 1801, le prince de Condé, lorsqu'il quitta l'armée en qualité de sous-lieutenant d'infanterie et de noble à pied de la compagnie N. 15. Ce document porte en marge la récapitulation de ses services totalisés à quinze ans , quatre mois, vingt cinq jours. Comme il lui manque plus de douze ans pour avoir la durée requise, le marquis de Boutillier, ancien major général de l'armée de Condé, apostille favorablement la supplique du maire de Claudon et ajoute,
« Si les malheurs, les persécutions, le zèle et le dévouement à la bonne cause peuvent suppléer à l'ancienneté, pour la croix, il devra sans doute être regardé comme en étant très susceptible ».
Célestin d'Hennezel n'est pas réintégré dans l'armée. Il ne reçoit pas la croix, mais, le roi récompense de façon plus utile l'ancien émigré sans fortune, il lui accorde un poste de receveur des contributions directes.
Au cours de l'été de 1825, M. Célestin d'Hennezel, ancien officier d'infanterie, percepteur au val d'Ajol, reçoit le bordereau de l'indemnité de 1.269 francs qui lui est accordée pour vente révolutionnaire de divers biens situés à Passavant et à la Rochère, maisons, jardins, chènevières, terres, prés ('29 juillet et 23 novembre 1825). La somme accordée lui paraissant dérisoire, l'ancien émigre en avise le comte de Brancas, préfet de la haute-Saône. Sa lettre, signée d'Hennezel est scellée d'un cachet à ses armes, de gueules à trois glands montants et un croissant en abime. L'écu supporté par deux lions est surmonté d'une couronne de marquis (31 mars 1826).
Le préfet ayant conseillé au gentilhomme de justifier la valeur du patrimoine perdu, Célestin lui adresse quelques semaines plus tard, une requête décrivant son « gagnage » de la Rochère, provenant de son frère et de son beau-frère qui l'avaient payé 7.200 écus en 1771. Il cite le montant des divers baux antérieurs à 1790 et produit un certificat du fermier (12 juin 1825). Deux ans plus tard, aucune nouvelle de l'affaire ne lui étant parvenue, Célestin d'Hennezel, percepteur de la réunion du val d'Ajol, retiré à Claudon « rappelle au préfet de la Haute-Saône sa réclamation » (lettre du 28 juin 1827 scellée des mêmes armoiries).
En 1829 seulement, la préfecture de la Haute-Saône peut aviser le gentilhomme qu'une somme supplémentaire de 300 francs lui est attribuée, au titre d'indemnités pour ses biens vendus (10 février 1829).
Cinq ans plus tard,
Célestin d'Hennezel meurt à Claudon âgé de cinquante sept ans. Son décès est
déclaré par son beau-frère Nicolas-Barthélemy du Houx qui est qualifié manœuvre
à Gruey, et, son neveu, Nicolas, Marie du Houx (13 novembre 1847). Bien que
beaucoup plus âgée que lui, sa veuve ne le suivit dans la tombe
que vingt ans plus
tard. Elle s'éteignit à quatre vingt six ans le 3 aout 1863 à Claudon. Elle
n'avait qu'une fille, Marie-Marguerite Suzanne d'Hennezel, née et morte à
Claudon (13 août et 18 septembre 1807).
7 - Stanislas de Hennezel, écuyer, décédé à la Rochère âgé de huit mois le 4 octobre 1779 et inhumé dans le cimetière de passavant en présence de messire Joseph d'Hennezel, écuyer à la Rochère, son père, qui signe « J.R. d' Hennezel » et de son frère Célestin qui signe « C. d'Hennezel ».
8 - Antoine hyacinthe d'Hennezel, écuyer. né à la Rochère le 3 mai 1780, parrain, son frère Nicolas. Marraine, Monique de Finance de la Frison. Il mourut âgé de trois ans et demi (le 18 février 1784) et fut inhumé à Passavant en présence de son oncle François de Massey, écuyer, de la Rochère et du recteur de l'école de Passavant (20 février 1784).
9 - Alexandre d'Hennezel, écuyer. Né à la Rochère le 3 février 1782 et baptisé le lendemain à Passavant. Parrain, Alexandre de Bonnay, chevalier, demeurant à Leppenoux. Marraine, Marie-Françoise de Massey de la Grande Catherine. Il mourut âgé de sept ans le 2 mai 1789.
10 - Marguerite de Hennezel. Née à la Frison, elle fut baptisée à Hennezel le 24 juin 1764. Parrain, Nicolas de Massey. Marraine, Marguerite de Bonnay. Elle mourut à la Rochère, à l'âge de vingt cinq ans, dix jours après son frère Alexandre (11 septembre 1789).
11 - Angélique de Hennezel. Née à la Frison le 7 aout 1769 et baptisée le même jour à Hennezel. Parrain, son frère qui signé « Léopold de Hennezel » et marraine, Jeanne de Massey. Elle dut mourir jeune.