En hommage à tous les parrains du Musée d'Hennezel-Clairey

 

et, à la Gloire du Verre

 

Lorsque tomba Ta foudre au grand désert de sable,

Seigneur! Tu fis du choc un présent ineffable

Au nomade troublé qui, dominant sa peur,

Se risqua, curieux, sur la chaude vapeur.

Quand le calme revint après l'ivre tornade,

Le sol était couvert d'un tapis de parade

Où le fin sable d'or ruisselait de cristal.

Tu livrais le secret d’un élément vital.

Et l'homme put, dès lors, conserver dans ses paumes

La Translucidité qui Te valait ses psaumes,

Tandis que l'eau des lacs déjouait trop nos doigts

Ou que sa glace vierge expirait sous nos toits.

Peu après, fulguraient dans le flacon de verre

Les chauds rubis du vin que la jarre de terre,

Mate et sombre, vouait à l'exil, à l'oubli.

Puis tout, sous le cristal, revécut anobli.

Seigneur ! avec le Verre? on palpait l'espérance

D'être, un jour, sublimé. Sans fin, la transparence,

Fidèle à notre main, fixait notre âme au Ciel.

 

Verres ! qui permettez, dans leur teinte de miel,

Ces rayons que le gueux, en sa pauvre chaumière,

Sent réchauffer ses pieds sur la dalle de pierre,

Verres ! s'irradiant, du vitrail au pilier,

Dans la nef irisée où l'art aide à prier,

Vous êtes messagers de splendeurs éternelles!

Et vous savez, parfois, vifs comme les prunelles

Des yeux illuminés, devenir ces miroirs

Dont les reflets s'en vont, aux recoins les plus noirs,

Rappeler au sanglot, privé de jour à droite,

Qu'à gauche un Ciel arrive en une approche adroite.

Car Ton feu, parfois, Christ ! fait de secrets détours

Pour l’œil perdu sans lui et le prend à rebours,

Miroirs ! je vous jalouse et veux être un des vôtres,

Transmettre la lumière et, par ses jets apôtres,

Glorifier l'autre Monde où Dieu se voit total

De tous les coins charmeurs d'un Palais de Cristal

  

La plus humble des Hennezel

 

Journées des 6 et 7 Juin 1987

 

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