Georges Sadoul

Georges Sadoul, né en 1904 à Nancy, est mort le 13 octobre 1967. Membre du groupe surréaliste aux côtés d'Eluard et d'Aragon, il débuta dans la critique ciné­matographique à l'hebdomadaire communiste "Regards" en 1935 où il écrivit jusqu'en 1939. Il collabora ensuite de façon permanente aux Lettres Françaises, dès leur création dans la clandestinité, tandis qu'il assurait parallèlement la rédaction en chef de L'Ecran Français. Auteur de nombreux ouvrages de référence, président de l'Association de la Critique Française du Cinéma, professeur à l'Institut des Hautes Études Cinématographiques et à l'Institut de Filmologie de la Sorbonne, il était aussi un conférencier mondialement réputé.

Extraits du dictionnaire des films édité en 1978

NOUVELLE BABYLONE (la) Novy Babylon URSS 1929 RÉ : Kozintsev et Trauberg.

SC : Kozintsev et Trauberg. PH : A. Moskvine et E. Mikhailov. DÉC : Ienei. MUS : D. Chostakovitch. INT : E. Kouzmina, D. Goutman, Ya Geino, S, Magarill, N. Sobolevsky, V. Poudovkine. S. Guerassimov, Jaimo, N. Gutman. PR : Sovkino (Leningrad). 2200 La Commune de Paris. ses origines, ses victoires, ses combats, à travers la vie et la mort d'une employée de grand magasin

"Quand nous avons fait la Nouvelle Babylone, c'est Zola qui nous a apporté le plus". Chacun de nous avait lu ses œuvres complètes a déclaré l'actrice Kouzmina.

On peut ainsi résumer ses 8 parties :

 

La guerre de 1870. On crée à Berlin le Grand Magasin, ses japonaiseries, ses dentelles.

Un caf'conc', le cancan, un calicot trop galant, un journaliste, une chanteuse très Nana .

On annonce la défaite; Les uhlans marchent dans la neige vers Paris, le peuple souscrit pour les canons, fraternise avec les soldats. La capitulation.

Les femmes reprennent les canons de Montmartre et marchent sur Versailles.

La vie sous la Commune, les canons de Versailles braqués sur Paris.

On dresse des barricades, les premiers morts et incendies.

Les communards prisonniers insultés par les bourgeois.

Les fusillades.

Sans doute chaque image du film est-elle un peu trop au point, mais une très grande émotion, emportant certaines inexactitudes des détails français, succède à l'amusement ironique des premières parties. Mise en scène raffinée et somptueuse.

Meilleures séquence : caf'conc', la marche des Allemands vers Paris, les canons de Montmartre et de Versailles, les premiers morts pleurés, les exécutions.

Un film important et trop méconnu en France, où l'on ne vit guère que des copies en 16 mm mutilées et de très mauvaise qualité.

 

SEULE (Odna) URSS 1931 Réalisateurs: Kozintsev et Trauberg.

 

Scénario Kozintsev et Trauberg.

Photographie A. Moskvine.

Décors :Ienei.

Musique :Chostakovitch.

Interprètes : E. Kousmina, P. Sobolevsky, S. Guerassimov, Bal Liou-Sian, Y. Geimo.

Producteur : Soyouzkino (Leningrad).

80 mn.

Une jeune fille de Leningrad (E. K.), fiancée à un étudiant (P. S.), est envoyée comme institutrice dans l'Altai, y trouve une société médiévale, entre en lutte contre un koulak et un fonctionnaire soviétique obtus (S. G.), manque périr, mais finit par triompher.

Le film avait été tourné muet, mais en vue d'une sonorisation. On y entend quelques couplets, mais tout est surtout dit par un exemplaire commentaire musical de Chostakovitch, la meilleure partition qu'il ait jamais écrite pour un film et qui a été conçue pour s'allier à des bruits (machine à écrire, télégraphe, radio).

 

Principales séquences :

 

La vie insouciante à Leningrad.

Les préparatifs du mariage.

L'arrivée sur un haut plateau avec ses troupeaux, ses tentes, ses bizarres coutumes et idoles.

Le regret du passé proche dans une salle de classe à demi ruinée.

L'intérieur petit bourgeois du fonctionnaire traitant sa femme comme un chien. 

L'ordre d'abattre les moutons.

Le meeting de protestation.

L'avion venant chercher l'institutrice aux mains gelées.

N'étant pas parlant, ce film de 1931 n'eut presque aucune carrière à l'étranger. Il n'en est pas moins une oeuvre d'une extrême importance et d'une grande beauté, qui vaut le chemin de la vie et domine avec lui la production sonore soviétique jusqu'a Tchapaiev.

Seule, qui avait été tourné comme film muet, fut sonorisé, avec une belle musique de Chostakovitch. Les réalisateurs, mûris, y abandonnaient en partie leur excentrisme » et s'attachaient davantage à leur sujet, qu'ils humanisèrent. Seule était l'histoire d'une jeune institutrice de Leningrad, envoyée dans l'Altaï, au centre de l'Asie ; après avoir lentement compris le rôle d'anciens féodaux, elle manquait périr pour avoir pris le parti des pauvres contre un fonctionnaire obtus et bureaucratique. Le film, dans la tradition psychologique de Poudovkine, ne sacrifiait pas aux fanfares dont abusaient alors les suiveurs de Vertov et d'Eisenstein. Il était avant tout l'étude approfondie de plusieurs caractères et d'un violent conflit. Les paysages asiatiques étaient splendidement utilisés sans jamais céder à l'exotisme.

Lire l'article lamentable de Télérama

G. Sadoul. "Histoire du cinéma mondial"



HAMLET

URSS 1964 RÉ : Gregori Kozintsev. sc : Gregori Kozintsev. MUS : Chostakovitch. Interprètes : I. Smoktounovsky, A. Vertinskaia. PR : Lenfìlm. 150 mn.

Peut être le meilleur film jamais inspiré par Shakespeare, qui a confronté l'ancien royaume du Danemark avec le monde actuel, en montrant Hamlet comme un cœur pur, révolté par l'injustice, le crime et la tyrannie. Un film très admiré par les Anglais et méconnu dans les pays latins.

AUTRES VERSIONS (notamment) — le Duel d'Hamlet FR 1900 RÉ : Clément Maurice. INT : Sarah Bernhardt.

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