"Un film de Philippe d'Hennezel" BILAN |
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Contrarié depuis quelques mois devant des échecs successifs, comme le désintéressement total des festivals, de mon entourage immédiat (mes voisins, mes relations personnelles, même ma famille), de la presse lyonnaise, l'inertie évidente d'un producteur, des cinémas auquel j’ai écrit, rencontré, je ne suis pas venu à la soirée d’inauguration du Festival du film Palestinien le 2 avril 2019 au Comoedia,
Pourquoi ?
Mon film révèle l’existence d’un mouvement solidaire des palestiniens qui n’est pas banal. En France, c’est à Lyon que s’est constitué le groupe le plus actif et le plus important de ce mouvement. Dans la mesure où dans le cadre du festival "Palestine en vue" il n’a été programmé que dans un seul cinéma, à Chambéry, le public lyonnais n’aura plus jamais l’occasion de le voir.
Bilan lyonnais : Cinéma Opéra, 50 spectateurs, parmi eux, une majorité de Femmes en Noir et de militants qui les connaissaient déjà.
Maison des Passages : 70 spectateurs, dont de très nombreux militants ou ex-militants qui ne sont plus à convaincre sur le caractère colonialiste et le comportement criminel d’Israël vis à vis des Palestiniens, et où le débat autour du film a été totalement inexistant. Alors pourquoi faire un film ? Et dans ce cas pourquoi inviter le réalisateur ?
Finalement, le plus important est bien ce qui se passe dans le réel.
Plus important que le cinéma est ce qui se passe en Palestine et ailleurs, celles et ceux qui crient haut et fort dans la rue pour inlassablement s'indigner et révéler les horreurs de notre monde.
Avaient elles vraiment besoin d’un film, ces femmes, qui leur rend hommage ? NON. J’aurais du compter le nombre de personnes qui passent devant elles sur la place des Terreaux à Lyon, les yeux baissés, complètement ailleurs perdues au plus profond de leur nombrilisme, tapotant frénétiquement sur leurs portables en passant dans le champ de la caméra.
Je croyais que, en exposant dans un film la parole et les convictions de ces femmes du peuple, remarquables à l’âge qu’elles ont, la situation, le vécu réel des palestiniens serait plus largement apprécié, écouté et donc connu. Et bien non, ça ne marchera jamais. Comment, de toutes façons, un distributeur pourrait s’intéresser à un film qui n’a été vu dans un cinéma à Lyon que par 50 personnes en 6 mois ? Comment pourrait il prendre en compte les 70 personnes à la Maison des Passages qui n’est autre qu’un lieu où ceux qui viennent ne sont plus à convaincre sur les méfaits du colonialisme ?
Voilà la réalité !
En conclusion ce sont 130 personnes + 70 à la dernière projection au Majestic (Donc au total 200) qui auront vu ce film à Lyon dont une grande partie avaient déjà connaissance de ce mouvement C‘est sans aucun doute beaucoup moins que le nombre de celles et ceux (Non militants) qui les ont vues, regardées et ont parlé avec elles depuis 18 ans, chaque vendredi place des Terreaux.
Le plus important, c’est donc bien elles : les femmes de la place des Terreaux, bien plus fortes et plus efficaces que le cinéma qui finalement ne sert à rien. Si, il ne sert qu’à contenter ceux qui sont convaincus depuis longtemps. Une preuve ? Veuillez je vous prie me citer les états qui dénoncent la politique criminelle d'Israël ...
Pour un petit réalisateur comme moi, faire un film aujourd’hui est trop de soucis en comparaison du travail qu’il demande et du si peu d’intérêt qu’il suscite.
Je mets ma caméra au placard.
Vivent ceux qui luttent (comme l'a si bien dit Victor Hugo), Erap et le collectif 69, Dominique Noly et puis l’AFPS, Couleur Palestine, Les amis du Monde Diplomatique, les seuls finalement à avoir apprécié ce film à LYON avec les quelques autres personnes embarrassées ou indécises qui sont venues le voir !
La question de la Palestine est un sujet qui dérange, qui n'aura jamais sa place dans l’industrie du cinéma commercial , même auprès des salles qui se proclament « Art et essai ».
Ce film ne sera jamais autrement apprécié et vu que dans le cadre d' activités militantes, considéré comme tel par le cinéma Comoedia, qui l'a rejeté, trop militant, sans autre commentaire comme de celui que l'on m'a fait récemment.
En définitive, faire un film sur de tels sujets n'intéressent que ceux qui sont convaincus de la nécessité d'agir contre toutes les injustices.
la preuve est bien là :
- A Chambéry, le 6 avril 2019, les 90 spectateurs étaient pour la plupart des militants ou sympathisants de l'AFPS (Association France Palestine, Solidarité) qui avaient participé aux 6 heures pour la Palestine où eurent lieu de nombreuses conférences passionnantes. Merci à eux !
- Toujours à Chambéry, le 3 mai suivant, malgré le rappel des organisateurs du Festival, et conforté par le succès précédent du 6 avril,
8 spectateurs sont venus. BRAVO ! 'C'est formidable !
Heureusement, il y a encore des commentaires que je rappelle et qui font vraiment plaisir ... et la dernière projection au Majestic à Firminy ce mardi 8 octobre 2019, bien applaudie ...
MAIS ....
"Les femmes en Noir" ont été présentés depuis un an à la sélection d'une dizaine de festivals
dont plusieurs sont consacrés aux droits de l'homme.
AUCUN NE L'A retenu
Il faut être très important pour que l'on s'intéresse à ce que vous faites
ce que vous écrivez et ce que vous dites ...
Ce qui n'est vraiment pas mon cas
Philippe d'Hennezel