NEUVIÈME DEGRÉ

DAVID DE HENNEZEL, ÉCUYER, SIEUR DE BOIS VERT

DE HOULDRY CHAPELLE ET DE LA GRANDE CATHERINE

Le nom de ce gentilhomme et celui de sa femme figurent dans le contrat de mariage de leur fils François. Comme beaucoup de verriers de la Vosge, Daniel fuya la Lorraine pendant la guerre de trente ans et se réfugia en France. C'est dans le pays nivernais qu'il s'éprit de la jeune fille qui devint sa femme, Jeanne de Hennezel de Houldrychapelle, fille de Daniel, seigneur de Houldrychapelle et de Bois-Gizet, maître de verrerie au Deffend et à Prunevaux, et de Bénédicte du Crest. Nous présumons que le nom de Bois Vert, qu'il portait pour se distinguer, était un nom de lieu de cette province.

Le traité de Vincennes semblant assurer le retour de la paix, David de Hennezel, comme beaucoup de ses parents regagna la Lorraine avec la pensée de s'y réinstaller et de bénéficier des privilèges dont sa famille jouissait depuis des siècles dans cette province. En 1664,le seigneur David de Hennezel, écuyer, sieur de Boisvert demeurant en Nivernois est présent à la Pille au mariage de son cousin Josué d'Ormoy (3 novembre 1664).

Le désir de finir leurs jours dans la forêt natale pousse le ménage Boisvert à acquérir un logis.

Quelques jours plus tard, le seigneur David de Hennezel, écuyer, sieur de Boisvert, résidant au lieu Bois-Gilet, pays de Nivernois, et demoiselle Jeanne de Hennezel son épouse, achètent à Isaac de Thiétry de la Pille et à sa femme Élisabeth de Hennezel, une maison et ses dépendances situées à la Grande Catherine, avec tous les privilèges et franchises qui sont attachés au domaine, notamment le droit d'utiliser le grand four à verre. L'acte fut passé à la Pille par devant maître Thieriet de Darney. Il a pour témoins M. de Mezeray, beau-frère de Boisvert, et Charles de Hennezel son fils. Ils signent, David de Hennzelle, zan Dannezelle-Mezeray et Charles Dehennezel (10 novembre 1664).

Madame de la Pille possédait cette demeure pour l'avoir acquise jadis avec son premier mari Adam d'Ormoy (8 août 1687).

Deux ans plus tard, le retour au pays était réalisé. Le seigneur David de Hennezel, écuyer, sieur de Boisvert, demeurant à la Grande Catherine, assiste à Hennezel au contrat de mariage de son beau-frère Isaac, écuyer, sieur du Bois-Gizet. Il signe David de Hennezel (19 aout 1666).

Lorsque son fils François se marie une douzaine d'années plus tard, madame de Boisvert, munie de la procuration de son époux empêché, assiste seule au contrat. Cet acte rappelle que les grand-père du marié étaient MM. de Senennes et de la Houldrychapelle et ses grands-mères les demoiselles Vaillant et du Crest. Mme de Boisvert signe Jeanne Danneze (26 novembre 1678).

A cette époque la verrerie de la Grande Catherine avait repris son activité. Une lettre écrite par monsieur de Boisvert un mois après le mariage de son fils le prouve. Cette lettre concerne une commande de verre à vitres faite par un marchand de Mirecourt. Elle donne des précisions sur le travail de la verrerie, son orthographe pittoresque rappelle qu'au milieu du XVII° siècle la plupart des ménages de gentilshommes qui avaient fui la Vosge au début de la guerre de trente ans pour se réfugier à l'étranger, n'avaient pas été bien souvent à même de donner à leurs enfants l'instruction qu'ils recevaient en Lorraine.

Cette lettre est scellée d'un cachet de cire rouge aux armes de M. de Boisvert « de gueules à trois glands montants d'argent accompagnés d'un croissant en abîme ». L'écu est timbré d'un casque de face entouré de lambrequins encadrant le blason. Le cimier est un gland montant, la tige posée sur le bourrelet du casque.

Au début de l'été de 1682, David et sa femme habitent la Grande Catherine, ils chargent leur troisième fils Daniel, de les représenter dans la cession qu'ils font à Gand du Houx, sieur de Bisval, de leur part de ce domaine héritée de Mme de Bigot de Clerbois, née Anne de Hennezel (20 juin 1682.

A la fin de 1684, le seigneur David de Hennezel, écuyer, sieur de Boisvert et de la Grande Catherine, et sa femme, constituent au profit de leur fils Denis une rente de 2150 francs barrois, reliquat d'un compte entre eux. Denis avait fait « des deniers provenant de son industrie de l'art du grand verre » un prêt à ses parents pour leur permettre de payer les réparations et d'aménager leur demeure de Bois-Gizet, notamment payer la reconstruction d'un pignon avec double cheminée. Ce prêt permit aussi à M. de Boisvert d'acquitter les frais de l'héritage des biens de Senennes venant de sa tante, Marthe de Hennezel, succession liquidée l'année précédente (1683). L'acte est signé David Dannezelle et Jeanne Dannese (28 décembre 1684). Trois mois plus tard, M et Mme de Boisvert ne pouvant rembourser à leur fils le capital de cette rente, annulaient leur dette en abandonnant à Denis une terre située à la Grande Catherine, au lieu dit « la Fosse aux Loups » champ qui venait de Mme de Saint Vaubert, née Marie de Viocourt (24 juillet et 8 août 1687).

David de Boisvert dut mourir au début de 1691, au milieu de mars de cette année là. Sa veuve demeure chez son fils Denis d'Anizy qui « la loge, la nourrit et l'entretient de toutes choses ».

A l'automne de 1693, demoiselle Jeanne de Hennezel, veuve du sieur David de Hennezel, écuyer, demeurant à la Grande Catherine, reconnaît devoir au ménage de son fils les frais de sa pension depuis le 15 mars 1691. Pour s'acquitter, elle lui abandonne la rente d'un « gaignage » (petite ferme) qu'elle possède en nivernais, au village de Savigny-Poillot. Elle signe, Janne Danzes et son fils Denis de Hennezel. Le témoin de cet acte est Guion de Bonnay, écuyer, demeurant à Claudon (7 octobre 1693).

Cinq mois plus tard, après le décès de Denis, sa mère cède tout ce qu'elle possède encore à la Grande Catherine, à sa belle fille Mme d'Anizy, pour rembourser ce qu'elle doit à la succession de son mari (22 mars 1694).

Nous ignorons la date du décès de Mme de Boisvert. Elle avait au moins six enfants nés probablement en nivernais.

1 - Charles de Hennezel, de Boisvert, écuyer, sieur du Mesnil-sur-Vair qui suit,

2 - Jean de Hennezel de Boisvert, écuyer.

A la fin de l'automne 1678, aux Vallois, il assiste avec son frère aîné Charles, au contrat de mariage de leur cadet François avec mademoiselle Grandoyen. Il signe, Jan de Hennezele (26 novembre 1678). Nous ignorons sa destinée.

3 - Daniel de Hennezel de Boisvert, écuyer.

Au début de l'été 1682, il se trouvait à Darney, en l'étude du notaire de Lesgville avec son cousin de Champigny, pour signer au nom de ses parents, l'acte de vente des parts de la verrerie de Bisval, au profit de Gand du Houx (20 juin 1682). Nous ne connaissons pas le reste de son existence.

4 - François de Hennezel de Boisvert, écuyer, sieur de la Grande Catherine.

Il épouse demoiselle Anne Françoise Granddoyen demeurant aux Vallois, l'une des dix enfants de Dominique Granddoyen et de Barbe Morizot. Le contrat de mariage, passé aux Vallois le 26 novembre 1678, réunit de nombreux parents des époux.

Du coté de François, sa mère munie de la procuration de son époux empêché, ses frères Charles et Jean, son oncle Isaac de Bousseraucourt et ses cousins de Bomont du Tolloy de Belleroche, ce dernier venu de Fourmies en Hainaut, Jean d'Ormoy de Grandmont, Claude et Ernest d'Avrecourt, Charles de la Sybille du Tolloy, Mme de Champigny née Élisabeth de Thysac etc...

La future est assistée de son père, de son oncle maternel « vénérable et discrète personne, messire Dominique Morizot, doyen de Vittel, notaire apostolique et curé des Trois-Vallois », de son frère aîné  « Jean Dominique Granddoyen, doc­teur en théologie notaire apostolique, curé d'Escles et de Lerain » de ses beaux-frères, Nicolas-François de Champigny qui avait épousé un an auparavant sa sœur Antoinette, de Charles-François, maître en chirurgie à Valfroicourt époux de sa sœur Sébastienne, de deux autres de ses frères, du sieur Humbert-Estienne de Bonvillars, capitaine de Darney son oncle et parrain, de messire Nicolas Calice, curé de Dommartin, son cousin germain maternel.

Le futur signe François de Hennezelle et sa fiancée Anne Françoise Granddoyen. Le contrat constitue les quatre quartiers du marié et remonte sa filiation jusqu'à ses aïeux paternels et maternels (26 novembre 1678).

Les Granddoyen étaient une vieille famille terrienne enrichie de la région d'Escles et de Ville-sur-Illon. Dés le début du XVII° siècle, ils possédaient dans le pays un grand nombre de biens. Une quinzaine d'années après le mariage de François de Boisvert, la famille Granddoyen allait être anoblie en la personne d'un oncle de la mariée « Sébastien-Joseph Granddoyen qui portait pour armes, l'azur au lion d'or et pour cimier, le lion de l'écu naissant d'une couronne d'or ». Cette union fut de courte durée. la jeune femme dut mourir lors de ses premières couches. Seize mois plus tard, au moment d'un partage de biens que fait entre ses enfants « honorable Dominique Granddoyen des Vallois » le seigneur François de Hennezel, écuyer, sieur de la Grande Catherine est veuf et gardien noble de sa fille au berceau, demoiselle Barbe-Charles de Hennezel.

Il contresigne un certain nombre de titres de créances constituées au nom de la mère de l'enfant. Dans son lot, celle-ci reçoit notamment, une maison, meix et jardins, size aux Vallois derrière l'église, dite la maison neuve, et un autre jaron dit le Meix-aux-Chênes (2 mars 1680). Le lendemain, le sieur de la Grande Catherine accepte au nom de sa fille, une cession de créance que lui fait son beau-frère, le curé d'Escles, pour s'acquitter du don de mille francs consenti par le prêtre à sa sœur dans son contrat de mariage (3 mars 1680).

François mourut prématurément laissant mineure sa fille unique. Barbe-Charles Charlotte ou Charlette de Hennezel, dame des Vallois est née probablement au début de 1680, sa naissance coute la vie à sa mère.

A la mort de son père , elle fut placée sous la tutelle de son oncle, le curé d'Escles. A sept ans, « damoiselle Barbe-Charlotte de Hennezel, fille mineure de feu sieur François de Hennezel, vivant escuyer, sieur de la Grande Catherine « consent une créance par l'intermédiaire de son tuteur le curé d'Escles (19 sep­tembre 1687) ».

Elle devait habiter chez cet oncle puisque cinq ans plus tard, on trouve sa signature B.C . de Hennezel, sur l'acte de baptême d'un fils du lieutenant Prévôt du ban d'Escles, dont elle est marraine (1 janvier 1692).

Devenue majeure, elle habite sa maison des Vallois, où elle est plusieurs fois marraine (28 janvier et 19 février 1699). A la fin de cette année là, elle vend une petite ferme à Valfroicourt et signe, Barbe-Charlette de Hennezel (10 décembre 1699). Au milieu de l'été suivant « damoiselle Barbe-Charlette de Hennezel, fille majeure demeurant aux Vallois » acquiert la moitié du fief des Vallois comprenant, le moulin de Faret, situe sur le Madon, et une ferme avec ses dépendances, droit de colombier, honneurs, prérogatives, etc... pour le prix de trois mille écus (22 mars 1702). Ce fief mouvait du duc de Lorraine. les privilèges qu'il comportait avaient été accordes par Charles IV au ferre de madame de Champigny, dame de Bazoilles, née Maigrot. Plus anciennement, dans la première moitié du XVI° siècle,le fief des Vallois et celui d'Ambeuvenet appartenaient aux Thiétry.

A partir de cette époque, Barbe-Charlette fut souvent appelée « mademoiselle des Vallois ». Trois ans plus tard, elle cédait à son oncle, le chanoine de Darney, Sébastien-Joseph Granddoyen, chevalier du Saint-Empire, tous les immeubles qu'elle possédait aux Trois-Vallois, provenant de ses parents, moyennant sept mille écus. Elle signait, B.C. de Hennezel (10 juin 1705).

L'année suivante, elle acquiert à sa tante Mme du Menil, née Magdelaine de Menus, et à ses enfants, des immeubles situés à Senennes et à la Grande Catherine ainsi que la ferme d'Anizy en nivernais, biens provenant de la succession de son oncle du Menil (2 mars 1706).

Fille unique, et longtemps sous la tutelle d'un oncle, administrateur avisé, mademoiselle des Vallois faisait figure d'héritière dans ce pays où la noblesse était pauvre.

A l'automne de 1708, le curé de Barville, paroisse voisine de Neufchateau, publiait les bans du prochain mariage de son plus notable paroissien « honoré sei­gneur, messire Charles-Nicolas de Maillart. Chevalier, seigneur de Villacourt et d'Attigneville en partie, capitaine d'infanterie dans le régiment de Royal-Roussillon avec demoiselle Barbe-Charlotte de Hennezel des Vallois, âgée de vingt huit ans bien sonnés (16 septembre 1708).

Le marié était fils de Claude-Antoine de Maillart, seigneur de Labeuville, Villacourt et Attigneville, écuyer ordinaire de Marguerite de Lorraine, duchesse d'Orléans, et de Gabrielle Lescamoussier. Il avait un frère, conseiller du duc et maître des comptes de Lorraine. Ce fut l'oncle maternel de la future, le che­valier Granddoyen de Morizot, bien en cour à Nancy, qui arrangea cette alliance pour sa nièce qui comptait parmi ses héritières.

Anoblis au milieu du XVI° siècle, les Maillard portaient « de pourpre au chevron d'or, accompagné de trois têtes de girafe (alias de biches, dit dom pelletier) d'argent, deux en chef et une en pointe, l'écu surmonté d'une tète de girafe issante d'une tortie d'or de pourpre et d'azur ». Ce blason se trouve accolé à celui des Hennezel sur le verre de cristal taillé dont nous avons parlé chapitre 27.

M. de Maillart possédait à Harchechamp, prés d'Attigneville, au pied du château féodal du chastelet, un manoir qui existe encore. Il installa son ménage dans cette demeure. Un an plus tard naissait « Gabrielle, Catherine, Antoinette, fille de Honoré seigneur messire Charles Nicolas de Maillart, et de Honorée dame Barbe, Charlette de Hennezel (29 septembre 1709). Cette enfant devait épouser vingt ans plus tard, son cousin issu de germain, Charles-Nicolas de Punerot.

Madame Maillart donna encore le jour à un fils dans la maison d'Harchechamp le 20 octobre 1710. Elle mourut jeune et son mari se remaria à « Renée, Thérèse de la forge » veuve de François de la Peraudère, chevalier, seigneur de Saint Julet, capitaine au régiment de Duras, et fille de Charles de la forge, écuyer, seigneur d'Attigneville et de Punerot, et de Marguerite Petitgost.

5 - Denis de Hennezel de Boisvert, écuyer,seigneur d'Anizv, auteur du rameau (voir chapitre 34 bis).

6 - Charlotte de Hennezel de Boisvert.

Elle dut naître en nivernais et venir en Lorraine avec ses parents vers 1665 vingt ans plus tard, demoiselle Charlotte de Hennezel, fille majeure du seigneur David de Hennezel, escuyer, demeurait à la Grande Catherine lorsqu'elle loua une paire de bœufs pour trois années à un paysan de Regnevelle, nommé Nicolas Moc­quin. Les témoins qui se rendent à Darney chez le notaire de Lesguille, pour signer l'acte sont Jean-François de Thiétry et Jacques de Massey,tous deux écuyers.

A cet acte est joint une lettre de son frère Denis expliquant au tabellion, au nom de sa sœur charlotte, les conditions de ce bail (14 mai 1695).

suite