DIXIEME DEGRÉ

CHARLES DE HENNEZEL, SEIGNEUR DE MENIL-SUR-VAIR

Dès 1664, on trouve la signature, très caractérisée, de ce gentilhomme, « Charles Dehennezel » tracée en deux lignes, d'une écriture claire et aisée, aux lettres ornées de larges boucles. Son nom se lit au bas de l'acte d'acquisition de la maison de la grande Catherine par ses parents encore en nivernais. Charles et son oncle Mezeray signent avec mademoiselle de Thiétry de la Bataille. Il est au nombre des parents qui signent le contrat à Hennezel (19 août 1666).

Nous ne savons pas à quelle époque Charles se marie, mais douze ans plus tard il se trouve chez le notaire de Ville-sur-Illon pour signer en son nom et en ce­lui de sa femme « mademoiselle Madeleine de Menu » la reconnaissance d'un prêt de 780 écus de Lorraine que l'abbé Granddoyen, curé d'Escles, consent à son ménage (29 mai 1678). A la fin de l'automne il est venu aux Vallois avec sa mère et son frère Jean, pour assister au mariage de son quatrième frère François. Sa signature se lit parmi la trentaine de noms de parents et d'amis entassés au bas du (contrat 26 novembre 1678).

Charles de Hennezel quitta probablement la Grande Catherine peu après son mariage. A partir de 1680, il n'est plus question de lui dans cette verrerie. Il demeure à Menil-sur-Vair, hameau de la paroisse de Balleville, où sa femme lui a sans doute apporté une maison et un fief qui l'autorise, ainsi que ses enfants, à se qualifier seigneur du Menil, nom qu'ils prononçaient du Mainy.

Magdeleine de Menu devait appartenir à la famille de ce nom originaire du Bassigny, qui fut anoblie en 1583 en la personne d'Étienne Menu, notaire à Romain sur-Meuse, puis sénéchal de la Mothe et Bourmont et dont la descendance porte le nom de Roncourt. Les Menu avaient pour armes « d'azur à la fasce d'argent, chargés de trois merlettes de sable membrées de gueules, accompagnées en chef d'une croix pommelée et fiches d'argent »..

L'une des filles d'Étienne, Anne de menu de Roncourt, s'était alliée en 1621 avec Antoine de Thysac de la Rochère. Nous ne savons pas de qui était fille la femme de Charles du Menil et nous manquons de détails sur l'existence de son ménage jusqu'au printemps de 1706, ou « demoiselle Magdeleine de Menu veuve de Charles d'Hennezel, écuyer et ses enfants majeurs Anne François Joseph, son fils et demoiselle Anne claude d'Hennezel, sa fille, demeurant au Menil-sur-Vair » vendent à leur nièce et cousine, Barbe, Charlotte de Hennezel des Vallois, tous les immeubles qu'ils possèdent à Senennes et à la Grande Catherine, ainsi que la ferme d'Anizy, située en nivernais, et provenant de la succession du père et des grands parents paternels des enfants de madame du Menil. L'acte est signé madame de Menus, de Hennese et B.C. de Hennezel (8 mars 1706).

Vingt sept ans plus tard, Mme Magdeleine de Menu, veuve de messire de Hennezelle, écuyer, retirée à Darney auprès de sa fille, Mme Rathier de Lichecourt, est marraine d'une fille du baron de Belrupt, au lieu et place de la dame de Vioménil et de Fauconcourt, (28 mars 1733). Elle finit ses jours à Darney, cinq ans plus tard, âgée de quatre vingt ans. Son corps fut inhumé en l'église paroissiale de Darney (12 janvier 1738).

Bien que l'acte de vente de 1706 ne mentionne que deux de ses enfants, la tradition locale et la généalogie officielle disent que Charles du Menil a eu, au moins trois enfants et peut-être quatre.

1 - Probablement Emmanuel de Hennezel, écuyer, sieur du Menil, auteur de la branche du Menil de la Frison, rapportée plus loin (chapitre 34 ter).

2 - Anne Claude de Hennezel du Menil.

Elle naquit vers 1671 et était majeure en 1706, lors de la vente des biens de Senennes, d'Anizy et de la Grande Catherine, elle demeurait à Menil-sur-Vair (8 mars 1706).

Seize ans plus tard, Anne habitait au château de Lichecourt lorsqu'elle fut recherchée pour le mariage par un jeune français, dont le ménage de son frère avait du faire la connaissance à Lunéville. Âgée de trente cinq ans et sans fortune, Anne du Menil ne pouvait espérer un brillant mariage. L'homme qui demandait sa main, Sébastien Rathier, était jeune - vingt quatre ans - intelligent et riche son père Guillaume Rathier, conseiller du roi et receveur des tailles en l'élection de Langres était mort, sa mère madeleine Morelet avait une sœur Raymonde, mariée depuis vingt cinq ans à Gabriel Gauthier, seigneur de Marcy et de Gigne­ville, village voisin de Lichecourt. Des liens d'amitié existaient depuis long­temps avec le seigneur de Lichecourt, Salomon le jeune de Gramont, dont la veuve habitait toujours le château.

Le prétendant de mademoiselle du Menil rêvait d'accéder à la noblesse et d'acquérir une seigneurie. Il songea que son mariage pourrait le lui permettre. Il pria sa fiancée de demander au duc Léopold la faveur de transmettre sa noblesse à son futur époux. Il est intéressant de reproduire intégralement les termes de ce document, ces cas d'anoblissement sont assez rares.

Anne claude de Hennezel, demeurant à Lichecourt, fille majeure de feu Charles de Hennezel, gentilhomme verrier, demeurant au Menil-sur-Vair et de Lade­leine de Menus, expose à S.A.R. qu'elle est née d'une famille noble et ancien­ne mais sans aucun bien pour espérer une alliance avec une personne de qualité. Comme elle est recherchée pour le mariage par le nommé Sébastien Rathier, âgé de vingt quatre ans, fils de feu Guillaume Rathier, conseiller du roi très chrétien et son receveur des tailles en l'élection de Langres, demeurant actuelle­ment à Luneville, qui a du bien considérablement en France qu'il a le dessein de vendre et d'en employer les deniers en acquisitions d'immeubles en Lorraine. Elle appréhende de tomber dans la roture et servitude en l'épousant. Elle supplie S.A.R. d'accorder des lettres de noblesse à son futur époux

Accédant à ce désir, à cause de l'avantage que représentait pour les finances ducales, le réemploi en lorraine d'une fortune française, Léopold accorda au soupirant de mademoiselle du Menil l'anoblissement sollicité. Les lettres patentes signées par le souverain à Lunéville le 12 janvier 1712, réglementent les armoi­ries de Sébastien Rathier, d'or, à la bande de gueules, chargée de trois têtes de lions arrachées d'argent, cimier, un lion naissant de gueules.

Un mois plus tard, on signait le contrat par devant un notaire du Bassigny (15 février 1712).

Sébastien obtint un poste à Darney et se fixa dans cette petite ville, où son ménage devait passer toute son existence. Dés que l'occasion se présente le nouvel anobli réalise son rêve, il acquiert une seigneurie, le tiers du fief de Lichecourt. Il s'empresse d'en prendre le nom. Cette part de seigneurie comprenait le manoir ruiné flanqué d' une tour, dont on voit encore les vestiges adossés au coté est de la chapelle. Ce logis appelé « le pavillon » construit par un co-seigneur de Lichecourt, Philippe le Brun de Mons-en-Quercy, datait de la deuxième moitié du XVI° siècle. Les deux autres tiers de la seigneurie appartenaient à François de Fleury, depuis son mariage avec mademoiselle de Gramont, héritière du dernier seigneur.

La jouissance de certaines parties du domaine indivis, ainsi que la prétention de porter le nom de Lichecourt, firent naitre en 1722 , entre les familles des seigneurs une procédure qui dura jusqu'à la veille de la révolution (7 septembre 1722).

Le mari d'Anne de Hennezel avait de l'entregent, il obtint un brevet de gen­tilhomme ordinaire du duc Léopold.

L'été suivant « dame, Anne de Hennezel, épouse de noble seigneur Sébastien Rathier, écuyer, seigneur de Lichecourt, gentilhomme ordinaire de S.A.R « est marraine en l'église de Vioménil, d'une fille du baron de Belrupt. Elle signe Anne de Hennezel Rathier (22 août 1723). Six mois plus tard « dame Anne de Hennezel dame de Lichecourt, tient avec le marquis de Ville, sur les fonts baptismaux de la même église, un fils du chevalier du Houx de Fauconcourt, au lieu et place de la dame de Vioménil, veuve de Jean d'Ormoy de Grammont (13 mars 1729).

L'année précédente, en l'église d'Attigny, avec le même seigneur, elle avait été marraine d'une fille de Jean-Claude d'Hennezel de la Sybille et de mademoiselle de Bazoilles (14 février 1728).

M. de Lichecourt mourut à Darney âgé de cinquante sept ans. On l'inhuma dans l église (30 janvier 1744). Sa veuve lui survécut six ans. Elle s'éteignit à Darney, à soixante treize ans et rejoignit son époux sous les dalles de la même église (4 janvier 1750). Elle avait eu cinq enfants, deux fils et trois filles.

Le second fils, Sébastien Rathier de Lichecourt, lieutenant au régiment de Limousin, épousa à Lille, à l'âge de vingt cinq ans, Marie-Jeanne Charpentier, âgée de trente sept ans, fille d'un receveur des aides et gabelles et veuve de Henri-Ignace du Beron de Rassau (19 décembre 1740).

Ce fils vendit sa part de Lichecourt, en 1781, à sa cousine issue de germain Marguerite d'Anizy, douairière de Joseph de Bigot de la Pille, demeurant à Hennezel. Mais, le vendeur se réserva le droit de continuer, sa vie durant, à porter le nom de Lichecourt (14 mai 1781). Il demeurait à Nancy.

4 – N.... fille. La généalogie imprimée dit qu'elle aurait épousé Alexandre de Fleury, écuyer. On ne trouve pas la preuve de cette alliance.

ANNE FRANÇOIS DE HENNEZEL, ECUYER,

SEIGNEUR DU MENIL-SUR-VAIR


Ce gentilhomme est le seul fils de Charles du Menil cité dans l'acte de cession des biens de Senennes et d'Anizy en 1706. Il était majeur à cette époque et demeurait aussi au Menil-sur-Vair (8 mars 1706). Il épousa damoiselle Agnès des Champs, sur laquelle nous ne savons rien.

Douze ans plus tard, on voit le seigneur Anne François de Hennezel, écuyer, seigneur (sic) et dame Agnès des Champs, demeurant au Menil-sur-Vair, assister à Lunéville à l'inhumation d'un fils Nicolas.

Ils eurent au moins deux enfants et peut-être trois.

1 - Louis François qui suit

2 - Nicolas

3 - Peut-être N..... de Hennezel, que nous supposons avoir été l'auteur du rameau du Mesnil ou Mainy.

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