Un Teilhard de Chardin au XVIe siècle ?
N. Albessard
Il va de la mystique à la cosmogonie
II ouvre une porte à Descartes et annonce aussi Einstein.
Il meurt pour avoir cru au monde.
Le petit, le vulgaire. le fini ne lui convenaient pas ; il s'est élancé vers l'idée sublime de la substance universelle.
GIORDANO BRUNO (parlant de lui-même)
Il fut le lever de soleil de la philosophie (HEGEL)
VIE, PENSÉE ET MARTYRE DE GIORDANO BRUNO
Selon l'usage romain établi pour la peine du feu le condamné aurait dû être exécuté deux fois : réellement, par le feu ou la corde dans la cour de sa prison ; publiquement, en effigie, sur une des places de la ville. On n'explique pas l'atroce exception faite à la règle dans le cas de Giordano Bruno. Les témoignages sont trop nombreux pour que le doute soit possible; le moine mourut sur un bûcher dressé Campo dei Fiori (Place des Fleurs), brûlé vif.
De Rome, où il avait été ramené sept années plus tôt, fers aux pieds à la demande du pape Clément VIII, il ne vit plus, ce matin-là, qu'un coin de ciel gris. On était la fin de l'hiver„ Le 17 février 1600 exactement.
La personnalité du supplicié était à peu près inconnu et un dominicain qu'un goût immodéré de la philosophie avait conduit à publier des écrits subversifs et dont le sort, après des années d'oubli dans les geôles du Saint-Office, n'intéressait plus qu'une poignée de gens de robe.
Ainsi mourut sans gloire mais non sans grandeur (car il ett suffi qu'il confessât son « erreur pour garder la vie), celui qui méritait le moins le châtimen t: Filippo Bruno; en religion : Frère Giordano. Sa vie n'avait été qu'une longue errance sur les itinéraires de la connaissance ; sa mort lui fut volée. Le bûcher était à peine éteint et les cendres dispersées, que déjà la Rome des petites intrigues commençait à chuchoter que le Frère Giordano était homme trop habile pour s'être laissé supplicier comme le premier calviniste venu et qu'un autre était mort à sa place. En quoi les amateurs de complots avaient tort, ainsi qu'en attestèrent Gaspard Schopp et les témoins de la Compagnie de San Giovanni Decollato, qui avaient assisté à l'exécution du renégat. Ce ne fut pas la dernière injustice commise à l'égard de ce mort gênant qui avait été l'une des plus brillantes intelligences de son temps et auquel on n'avait pu pardonner d'avoir, près d'un demi-siècle avant le fameux « eppur si muove » de Galilée, fait voler en éclats l'univers d'Aristote pour donner au cosmos les dimensions de l'infini.
Dans l'Europe de ce temps, il en cuisait « de remplacer Dieu par des cercles et des points comme disait Keplerv
Jusqu'en 1870 — moment où l'Italie des ducs de Savoie lui érigea des statues — on méconnut systématiquement l'œuvre de Giordano Bruno. Même la nouvelle vague scientifique du début du xv11C siècle observa à son propos le plus discret des silences. Dans ses ouvrages, Galilée, qui fut bien plus prudent que ne laisse croire la légende, évita soigneusement de mentionner le nom de l'hérétique. Kepler s'en étant étonné, Martin Hasdale le fit savoir au célèbre astronome pisan ; mais Galilée se garda bien de changer quoi que ce fût à son texte. Il savait que le Saint-Office avait la mémoire longue et qu'en l'occurrence mieux valait paraître en manquer. Même oubli à peu près total chez Descartes auquel pourtant il avait frayé la voie. Quand enfin quelqu'un se mit à écrire sur Giordano Bruno (Bayle, dans son Dictionnaire qui sortit de presse quatre-vingt-seize ans après l'exécution), ce fut pour présenter le supplicié du 17 février sous les traits d'un personnage abominable. Le XVIIIe siècle ne retoucha guère ce portrait. Pour tous, Giordano Bruno continua d'être diabolique. On alla même, comme Quetif et Echard dans leur Bibliographie des Frères Prêcheurs, jusqu'à mettre en doute qu'il eût jamais porté la robe blanche des dominicains, alors qu'il avait été ordonné prêtre en 1572.
L'avènement du scientisme balaya tout cela : d'immonde qu'il avait été, Bruno devint un héros. On lui éleva des monuments à Rome, au Campo dei Fiori; à Naples, dans l'une des cours de l'université. On discourut à perdre haleine sur cc martyr de la science auquel on n'hésitait pas prêter des dons extraordinaires, y compris par exemple le génie des mathématiques, alors que de son propre aveu il n'y entendait rien et les avait en sainte horreur. Cette « fureur réhabilitante ne s'apaisa qu'après que des tonnes de bio- graphies eussent été déversées par les érudits (lu monde entier. Il n'y avait plus rien à dire. Sinon la vérité. C'est ce que vient de faire M. Paul-Henri Michel dans un remarquable ouvrage publié chez Herman, dans la collection Histoire de la Pensée » que patronne l'École pratique des Hautes Études de la Sorbonne. Car si les ouvrages consacrés au moine défroqué ont pu rendre bonne conscience aux érudits, ils ne sont pas parvenus jusqu'à maintenant à lui assigner sa vraie place. Le goût des classifications marque tellement notre civilisation qu'elle écarte ce qui ne lui paraît pas s'inscrire dans un ordre logique. Comment classer Giordano Bruno ? Pour les historiens de la philosophie, la pensée du moine napolitain se développe tellement en opposition avec les thèses officielles qu'il apparaît comme un génie isolé, précédant l'humanité pensante de plusieurs décades dans certains domaines, de plusieurs siècles dans d'autres, mais qui n'a exercé que peu d'influence sur son époque. Copernic et Kepler s'inscrivaient dans leur temps, même s'ils devaient contribuer à le dépasser. Ainsi le premier croyait s'accorder avec l'aristotélisme de l'Église alors que, par ses découvertes en astronomie, il sapait, mais sans s'en rendre compte, la pierre angulaire de la philosophie d'Aristote: la conception de l'univers. La solitude intellectuelle de Giordano Bruno explique l'indifférence avec laquelle fut accueillie l'annonce de son martyre par les Humanistes les plus avancés du XVIIe siècle. Il est à peine mentionné dans la volumineuse correspondance de Kepler qui traite pourtant à peu près de tout. L'un des amis de plume de celui-ci était le médecin Brengger, grand érudit et esprit très ouvert. Dans une lettre du Ier septembre 1607, il fait allusion à la théorie de la pluralité des mondes de « Jordano Bruno de Nole ». Il ne savait pas que le moine était mort depuis sept ans. Kepler répondit le 30 novembre par un affreux calembour: « Non seulement ce malheureux Bruno, rôti sur de la braise à Rome, mais aussi mon vénéré maître Tycho croyaient que les astres étaient habités... » Le 7 mars 1608, Brengger demandait des précisions: « Tu dis que Jordano Bruno a été rôti sur de la braise, ce qui doit vouloir dire qu'il a été brûlé... » Kepler écrivit le 5 avril: « Que Bruno a été brûlé à Rome, je l'ai appris de mon maître Wackher; il a supporté son sort avec fermeté d'âme. Il avait affirmé la vanité de toutes les religions et avait remplacé Dieu par des cercles et des points. » Brengger conclut alors que Bruno avait dû être fou et se demanda d'où pouvait venir le courage d'un homme qui avait renié Dieu (lettre du 25 mai 1608). |
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DES INTUITIONS RÉVOLUTIONNAIRES
La demi-légèreté des deux épistoliers s'explique par le fait que Bruno n'était pas véritablement un savant. Nous ne lui devons aucune découverte, aucune observation, aucune loi. Il dédaignait les mathématiciens qui voulaient réduire le monde à des symboles abstraits; les mathématiciens lui ont rendu son dédain. Difficile à classer dans une histoire de la pensée, il l'est encore davantage dans une histoire de la science. Autant il existe d'études sur Giordano Bruno, autant la place qui lui est octroyée dans les ouvrages de synthèse est réduite. Arthur Koestler, dans le brillant livre de cet ordre et le plus récent en date, qu'il a intitulé « les Somnambules », le mentionne seulement à trois reprises et sans jamais s'attarder. Le moine défroqué était avant tout un métaphysicien. Dans l'histoire de la pensée, il aura passé comme un météore exceptionnellement brillant. Son intuition aura devancé les siècles, jetant des lueurs sur des champs d'expérimentation qui n'arrivent qu'aujourd'hui à portée de la main du savant. Songeons, par exemple, à ses méditations sur la pluralité des mondes !
Giordano Bruno n'aura inventé que par intuition, mais de quelles intuitions n'était-il pas habité! Son aventure est celle d'un étonnant visionnaire, et, pour le chercheur du xxe siècle, ce n'est pas le moindre sujet d'émerveillement et d'admiration que le cerveau d'un homme ait pu être en contact avec des vérités aussi éloignées des possibilités de l'observation à son époque.
- Il proclame la valeur permanente des lois naturelles, livrant ainsi l'univers entier à l'enquête d'une science affranchie de tout dogme. - Il fonde cette liberté propre à la science qu'admettent de nos jours les esprits les plus religieux. - Il insiste sur l'insuffisance du donné sensible et de l'acuité de nos sens, refusant ainsi l'anthropomorphisme instinctif du savant. Une expérience mal contrôlée, selon lui qui n'en fit jamais, risque de servir de base à des théories erronées. - Il considère les étoiles comme autant de soleils pouvant être dotés de système planétaire: c'est, en son temps, une des affirmations les plus hardies de la cosmogonie brunienne. - Il ôte la Terre du centre de l'Univers et lui donne le mouvement, renversant les bases de la cosmogonie aristotélienne (Terre centrale et immobile). - Il donne le mouvement au Soleil, simple rotation sur lui-même, il est vrai, mais Copernic n'avait pas eu cette audace. - Il s'emporte contre ceux « qui mettent de l'inconnaissable partout», donnant des ailes de géant à la Science. - Il défend la théorie d'un univers infini « parce que la cause première ne saurait être avare de ses puissances», s'opposant ainsi à la théorie officielle de l'Église (Aristote revu par saint Thomas d'Aquin) qui veut que Dieu aurait pu créer plusieurs mondes mais qu'Il a choisi de n'en créer qu'un. - Il croit à l'existence de l'atome, brique de l'univers, qu'il est possible de découvrir. De Démocrite à Lucrèce, d'autres ont avant lui énoncé cette idée. Mais, en la matiere, il ne faut pas rechercher une filiation entre les penseurs: chacun repart d'une intuition originale et isolée pour reconstruire le monde. - Il défend la théorie d'une transmutation continuelle des corps en d'autres corps. - Il pense que l'univers n'est pas divisible à l'infini. L'insécabilité ne sera pas vérifiée par la science moderne au niveau de l'atome mais au niveau des particules élémentaires qui le constituent: proton, photon, neutron, méson, etc. - Il rejette la parfaite circularité du mouvement des astres, devançant Copernic sur ce chapitre. - Il croit à la pluralité des mondes et à une infinité de terres semblables à la nôtre. - Il se rallie à l'idée d'un psychisme diffus jusque dans les éléments les moins nobles de l'univers. « De la biosphère à l'espèce, tout n'est... 'qu'une immense ramification de psychismes se cherchant à travers des formes», écrira trois siècles plus tard le Père Teilhard de Chardin. - Il lutte surtout, toute sa vie, avec véhémence, rage et ironie, contre la scolastique aristotélienne dont il pressent qu'elle est un couvercle de plomb posé sur l'esprit humain pour l'empêcher de prendre son essor. |
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Qui était, en définitive, ce Giordano dont Hegel a pu écrire: « Le vulgaire, le petit, le fini ne lui convenaient pas; il s'est élancé vers l'idée sublime de la substance universelle »
Quand nous cherchons à le rapprocher d'un philosophe moderne, le nom de Teilhard de Chardin s'impose. Certes, il manque à Giordano Bruno cette vision dominante et cette élévation qui font le prix de la pensée teilhardienne. Il avait trop d'humour et de rancunes pour atteindre à la sérénité exhaustive du père de l'évolutionnisme moderne. Toutefois, chez tous deux, il y avait une même merveilleuse presience de l'univers et une volonté pathétique de donner un sens à l'infini. Pour Teilhard ce fut le « Milieu Divin pour Giordano Bruno, cette hétérodoxie qui lui fut si souvent reprochée et qui n'était, en somme, que la conséquence d'une recherche passionnée, mais vaine, hélas! d'une Église à la mesure de son enthousiasme. Les déboires de Giordano Bruno ne se sont pas limités à ceux que nous avons énoncés. Si nous possédons les ouvrages qu'il a écrits, il nous manque les éléments qui nous permettraient de connaître l'homme et sa vie très exactement; ainsi les pièces de son procès interminable. En 1810, une partie des archives vaticanes fut transportée à Paris sur l'ordre de Napoléon dont l'intention était de centraliser dans la capitale de l'Empire les archives secrètes de l'Europe. Sur le chemin du retour à Rome, après la capitulation de 1815, les pièces du procès de Bruno disparurent. Mgr. Mercati suppose qu'elles furent confondues dans un lot de dossiers sans valeur et vraisemblablement brûlées, alors qu'on commençait à se préoccuper de celui auquel elles avaient trait. Bruno naquit en 1548 près de Naples, à Nola, d'où le nom de philosophie nolaine, parfois employé pour désigner sa pensée, d'un père soldat au service des Espagnols. Il entra au couvent en 1865, à l'âge de dix-sept ans. Il semble que, dans son couvent napolitain, Fra Giordano se soit montré parfaitement insupportable, raillant ses frères en religion et, fait beaucoup plus grave, se gaussant de certaines formes extérieures de la dévotion catholique. Il est certain d'autre part que deux procès allaient lui être intentés. Quelles étaient les accusations portées contre lui ? Nul ne le sait. Les dossiers furent communiqués à Rome et détruits ensuite dans des circonstances peu claires. Voilà donc Giordano Bruno passant pour la dernière fois. devant le frère portier de son couvent. Désormais il est seul avec son aventure intellectuelle. Seul aussi devant le monde qu'il veut comprendre, dominer, et où, pourtant, en ce mois de février 1576, il se sent affreusement démuni. Démarche bizarre chez ce défroqué qui a toutes les raisons de se méfier de la puissance pontificale, c'est d'abord à Rome qu'il se rend. Elle demeurerait totalement incompréhensible si nous ne connaissions deux traits essentiels du caractère de Bruno. C'est avant tout un homme d'Église. Il le restera d'ailleurs par le ton de ses écrits, par la manière de développer ses arguments, par ses préoccupations mêmes. Rome pour lui est encore « la lampe où il vient se brûler les ailes ». Enfin, Giordano Bruno est profondément italien. Quand on s'enfuit de Naples et qu'on est italien, le Nord, c'est l'inconnu. Or, Bruno, au milieu de sa tempête, a besoin de s'amarrer, de garder le contact avec ce pays qu'il aime, de se sentir chez lui. Il n'est déjà plus de nulle part mais il refuse de l'admettre et il choisit le risque. En mars il est à Rome. Ce ne sera qu'une halte. Très vile il s'y sent menacé; il est gauche devant la vie, maladroit. S'il s'attarde, il finira par se faire repérer. Alors il repart et, cette fois, c'est la montée vers le froid, la brume et cette France qu'il redoute par-dessus tout. On le signale à Sienne, à Lucques, puis dans la petite ville de Noli, en Ligurie, où il enseigne la grammaire aux enfants et la sphère (c'est-à-dire l'astronomie) à quelques gentilshommes. En 1578, il est à Milan, à Chambéry avant l'hiver. Pour la première fois, Bruno se sent dépaysé, et il cherche refuge dans l'un des vingt-sept couvents que les dominicains comptaient dans la province de France. Il demande conseil à un Père italien qui lui assure que plus loin il trouvera peu de sympathie. C'est alors qu'il se dirige vers Genève, en laquelle il voit une Mecque de l’éréthisme. Mais l'heure des enthousiasmes réformateurs est passée sur les bords du Léman. Après Calvin, ce « littérateur » de combat qui avait commencé carrière par un commentaire du traité de la Clémence de Sénèque, après Théodore de Bèze, un joyeux et spirituel bourguignon dont la tragédie d'Abraham sacrifiant (1552) avait réussi à faire de la Bible un pathétique sujet d'actualité; après les pionniers, était venue l'intolérance. La Genève d'Antoine de La Faye était austère, ennuyeuse, rigoriste. On ne pouvait y vivre qu'à l'étouffée. |
Teilhard de Chardin
Giordano Bruno
Sénèque |
Inscrit comme auditeur à l'Université, le petit Italien ne va pas tarder à y faire scandale. Très vite, il s'est trouvé en désaccord avec le maître à penser des Genevois. Il tente de le dire. Mais il n'était pas bon de penser tout haut devant le vénérable Consistoire. Giordano Bruno est contraint au silence. Furieux et il avait la colère prompte —, il fait imprimer un opuscule où, sans le moindre ménagement, il taille en pièces les opinions de La Faye. C'en est trop. Parce qu'il a commis le crime de liberté, Fra Giordano est jeté en prison ainsi que son imprudent imprimeur ; on le menace du pire et il n'obtient d'être relâché qu'en se reconnaissant coupable. Le libelle scandaleux est détruit (ce ne sera pas la dernière fois que les écrits de Bruno connaîtront ce sort). A nouveau, l'Italien vient de connaître le visage du fanatisme, et, comme à Naples trois ans plus tôt, il fuit. La géographie de Giordano est intellectuelle. A présent, c'est Toulouse qui l'attire, car elle possède une Université de grand renom. Il y débarque fin 1579. On le reçoit avec honneur et il se voit attribuer une chaire à l'Université. En plus de l'astronomie, il y commente le traité de l'Ame de son ennemi personnel Aristote. Bruno déteste positivement le philosophe grec et il ne manque jamais de le proclamer. Cette attitude exige un certain courage en ce siècle où l'aristotélisme le plus rigide est la règle d'or des scolastes. Il faut croire qu'à Toulouse on se montre beaucoup moins pointu sur ce chapitre que dans la plupart des universités européennes, car Bruno, dont on devine assez ce que durent être ses commentaires, y coule des jours paisibles et sans histoires (au sens policier du terme). Il restera vingt mois dans la capitale languedocienne et lorsque, au procès vénitien, il fera le récit de sa vie il se souviendra avec émotion de la paix de Toulouse. |
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Les guerres civiles viennent troubler cet instant de repos. Bien qu'il ne soit pas personnellement inquiété, Giordano décide de reprendre la route. Cette fois il va tenter l'aventure de Paris. La capitale vit à l'heure florentine de Catherine de Médicis et une pointe d'accent italien est le meilleur des sésames pour se faire ouvrir les salons. Giordano Bruno est rapidement adopté par de puissants protecteurs; son Ars memoriae, qu'il ressort chaque fois qu'il doit séduire, fait fortune. On s'arrache le petit Napolitain passionné, on le présente au Roi (Henri III) qui veut aussi connaître les « extraordinaires » secrets mnémotechniques. Bruno se souvient qu'il est docteur en théologie et donne à son royal élève trente leçons sur les attributs divins. Puis il publie l'Ombre des idées (1582) et trois traités sur l'art d'acquérir la mémoire: ce seront ses premiers ouvrages qui arriveront jusqu'à nous. C'est en effet à Paris que commence sa véritable carrière littéraire. Elle sera brève dix années à peine —, mais prodigieusement féconde, au point qu'on peut se demander comment cet homme qui passa un bon tiers de sa vie à courir les routes put accumuler une telle production. Il y avait des points faibles dans la formation de Giordano Bruno. Chez les dominicains de Naples où il avait « été nourri aux doctrines des Péripatéticiens » il n'avait pu recevoir l'enseignement mathématique qui lui eût facilité l'accès aux problèmes de l'astronomie. Force est de constater que, par la suite, il n'avait pas fait gros effort pour combler cette lacune. Manifestement, les mathématiques le rebutaient. Ceux qui les pratiquaient n'avaient droit qu'à des sarcasmes. Ainsi il se moquait de la légende d'Archimède, acharné à trouver — nous citons — « quelque rapport entre la courbe et la droite, le diamètre et la circonférence ou à résoudre on ne sait quel problème, toutes choses excellentes pour la jeunesse, mais convenant mal à un homme qui, le pouvant, aurait dû consacrer ses vieux jours à des objets plus dignes d'être donnés pour fin à l'activité de l'esprit ». |
Il montrait les grammairiens s'attardant jusque dans leur vieillesse à des tâches qui conviennent à « un âge encore tendre » mais non pas à des esprits adultes, lesquels, écrit-il en substance, doivent se trouver disponibles pour les plus grandes choses. Nous touchons là un des traits essentiels du caractère de Bruno. Certes, il y avait beaucoup de parti pris, beaucoup de raisons personnelles dans sa manière de considérer les problèmes. Mais limiter sa pensée à cela, la cerner de mobiles, l'expliquer uniquement par certaines faiblesses de l'homme, serait commettre une grave erreur. En fait, Giordano Bruno était hostile à tout ce qui pouvait empêcher l'esprit d'accéder à l'essentiel. Chaque fois que sur sa route il rencontrait l'accessoire, chaque fois que le détail lui semblait masquer la totalité, chaque fois que l'intelligence s'égarait dans les labyrinthes du byzantinisme, il s'insurgeait avec violence. Et le but, pour lui, on n'en peut douter, était la recherche du divin. Cette volonté d'aller à l'essentiel, cette approche nouvelle, cette remise en question de toutes les valeurs, sont ce qu'il y a de meilleur dans l’œuvre de Giordano Bruno. C'est en cela qu'il est contemporain de notre siècle. Dans sa cosmologie ou dans sa représentation de la matière, par exemple, la plupart des arguments fondamentaux peuvent être contestés. Il y a des trouvailles géniales, comme la description des révolutions terrestres dans un univers infini — Copernic, lui, avait maintenu en place le cosmos limité de Ptolémée ; il y a des éclairs grandioses, comme cette vision des mondes innombrables. A côté de ces notions qui étonnent, lorsqu'on les replace dans leur cadre historique, il y a des erreurs grossières, telle cette théorie du renversement des pôles de la Terre, « de manière à ce que chaque point du globe puisse bénéficier de la félicité céleste ». Aussi est-ce plus dans la manière d'aborder les problèmes que dans les solutions qu'il leur propose, que Giordano Bruno se révèle véritablement un précurseur. S'il ouvrit la voie à Descartes, il annonçait aussi Einstein. |
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POUR ACCÉDER A L'UNIVERSALITÉ L'INTROVERSION
Bien qu'il ignorât le mot, Giordano Bruno a établi les premiers fondements de la cosmologie, c'est-à-dire, selon l'excellente définition d'Armando Carlini, « une métaphysique rendue à sa fonction première qui est d'interpréter, dans sa totalité, le monde de l'expérience». Et il l'appelait physique, en se prévalant d'une observation objective des faits. Or rien n'est moins objectif que cette observation de Fra Giordano. Nous connaissons maintenant assez le philosophe italien pour le savoir incapable de tout désengagement. Chez lui, comme l'a très bien noté Paul-Henri Michel, l'effort de la pensée discursive paraît tendre surtout à vérifier une intuition ; il conduit à la découverte d'un univers pressenti. Même quand, en apparence, le système se fonde sur des appuis extérieurs, observations et démonstrations n'interviennent jamais que pour mieux rendre compte d'une vérité que tout esprit accordé au monde est apte à saisir, et qui contient en elle-même sa preuve. C'est en lui qu'il a d'abord cherché l'univers et en lui qu'il l'a trouvé, les horizons fuyants d'un abîme intérieur lui ayant offert une première image de l'illimité et de l'informe. Réflexions et méditations sur les données sensibles (et sur les opinions d'autrui) viendront à leur tour, mais la voie qui mène à toute connaissance des principes est, dans un premier temps, celle de l'introversion. C'est en cela que le personnage est tellement attachant. On sent bouillonner en lui tant de vitalité, tant d'enthousiasme, tant d'allègre mauvaise foi en certaines circonstances, qu'on ne peut rester indifférent devant ce curieux homme. Bruno, c'est l'égocentrisme à l'état pur. Mais d'une telle densité qu'il atteint à l'universel. Fra Giordano n'était pas ce qu'on pourrait appeler un esprit encyclopédique; il était philosophe et c'est en philosophe qu'il réagissait devant les problèmes. Mais il lisait beaucoup et il savait faire la synthèse des informations qu'il recueillait, les analyser et les ordonner suivant sa « petite loi » intérieure. Il se fait que cette loi-là était souvent en accord avec celle qui régit un système beaucoup plus l'univers. En cela, il est un sujet vaste : d'étonnement.
Henri III
Philip Sidney |
Fra Giordano se prépare d'ailleurs à écrire pour la postérité le résultat de ses méditations et intuitions. Venant de Paris, il débarque à Londres au printemps 1583, muni des recommandations d'Henri III mais précédé pourtant d'une mise en garde de Cobham, l'ambassadeur anglais à Paris, qui a cru devoir informer le secrétaire de la reine Elisabeth de l'arrivée du docteur Giordano Bruno, professeur de philosophie, « dont je ne puis, dit-il, louer la religion ». Mais la protection de Castelneau, l'ambassadeur de France, aplanit bien des difficultés et Bruno se retrouve bientôt enseignant à Oxford. Des deux années qu'il va passer « sous le climat tempéré de la Grande-Bretagne », il gardera un heureux souvenir. Ce sont des années fécondes. Il publie ses six traités dialogués en langue vulgaire; il entreprend la rédaction de ses poèmes cosmologiques latins qui seront achevés en Allemagne. Il semble aussi que ce loup solitaire se soit fait des amis: Castelneau et le poète Philip Sidney, auxquels il dédicace ses traités. Mais il n'a pas, pour autant, renoncé à la polémique et cela lui vaut à Oxford même, place forte de l'arisotélisme, quelques solides inimitiés. N'a-t-il pas dit des docteurs que « leur obstination pédantesque lasserait la patience de Job » ? Et cette vertueuse patience, il est loin de l'avoir. Aussi, lorsqu'à la fin de l'année 1585 Castelneau est rappelé en France, Giordano Bruno n'hésite-t-il pas un seul instant à suivre son protecteur. Malheureusement, à la cour de France, le vent avait tourné depuis deux ans. Sur un arrière-plan d'Armada, les Guise, exécutant un accord secret qu'ils avaient signé avec le roi d'Espagne, le 31 décembre 1584, venaient de soulever toute la France septentrionale contre le pauvre Henri III. Philippe II voulait l'appui d'une France ligueuse pour attaquer l'Angleterre. Dans un tel climat, les temps ne pouvaient qu'être difficiles pour un Giordano Bruno devenu doublement suspect puisque à son hérésie s'ajoutait le fait qu'il rentrait d'Angleterre. Obligé de vivre de leçons particulières qu'on veut bien lui demander, assailli de difficultés de toutes sortes, à bout de ressources, il se remet en route vers l'Allemagne. Mais les rancunes qu'il a accumulées dans sa vie d'anarchiste le poursuivent jusqu'au-delà du Rhin. A Wittemberg sur l'Elbe, où il séjourne vingt mois, il retrouve les calvinistes qui. ne lui ont jamais pardonné son incartade genevoise. C'est un nouveau départ; désormais les haltes vont se faire de plus en plus brèves, le « vagabondage » de plus en plus dramatique: Prague, Zürich, Francfort, où vont paraître ses trois poèmes latins: De Minimo, De Monade, De Immenso.
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Giovanni Mocenigo |
Pour amener le dénouement du drame qui se joue à travers l'Europe, il ne manque plus qu'un personnage: le traître. Ce rôle sera dévolu à Giovanni Mocenigo, un riche Vénitien qui vient de se découvrir une passion subite pour la mnémotechnie. En août, Bruno est en route pour la cité des Doges. Une fois encore Fra Giordano s'apprête à faire son petit tour de prestidigitation intellectuelle. Il va étonner son riche élève, le séduire; il va renouer avec une certaine aisance. Surtout, il va retrouver l'Italie qu'il traîne dans son cœur depuis quinze ans déjà; il n'a pas encore eu le temps de perdre le goût de la vie. Pour lui, Giovanni Mocenigo est un immense espoir. Il prend aux leçons un intérêt prodigieux ; il veut tout savoir de l'art de dominer l'oubli. En mai, Giordano Bruno lui annonce qu'il devra s'absenter quelques semaines pour aller surveiller, à Francfort, l'impression d'un manuscrit qu'il a confié à Johann Wechel. L'absurde survient: pour éviter que son professeur aille porter ailleurs ses précieux secrets, le Vénitien soupçonneux le dénonce aux autorités comme ennemi de la religion et fondateur d'une secte. La nuit même, Giordano Bruno est arrêté et jeté dans les cachots du Saint-Office. Nous sommes le 23 mai 1592. Dans trois jours son procès va commencer.
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Au XVIe siècle, la justice était patiente dans l'instruction et expéditive dans ses châtiments. Le procès de Giordano Bruno sera un procès fleuve avec un accusé disert, très heureux manifestement de se raconter, et des juges tout disposés à l'entendre. Fait curieux, il ne semble pas que l'emprisonnement ait affecté outre mesure le dominicain. Ses réponses sont pertinentes, son attitude, celle d'un homme de qualité discutant avec des messieurs de bonne compagnie.
Il semble, après cinq mois de procès, que Fra Giordano pourra s'en tirer sans trop de mal; les juges paraissent favorablement disposés envers cet accusé qui a reconnu ses erreurs (ce qui ne peut être interprété, n'est-ce pas? que comme l'indice d'une contrition certaine). Ne va-t-il pas, ce coupable modèle — il est vrai qu'il commence jusqu'à à avoir l'habitude des tribunaux annoncer son intention d'offrir au Pape son dernier ouvrage, qui va bientôt sortir de presse ? Pourtant il ne semble pas que cet hommage soit particulièrement apprécié car, en septembre, Rome demande l'extradition du dominicain fugitif. Le « nationalisme » vénitien va faire gagner quatre mois à Bruno. Mais en janvier 1593, l'affaire se politise, vient devant le Sénat, lequel, soucieux de donner à Clément VIII un gage de sa fidélité à la cause romaine, vote l'extradition par une forte majorité.
Le 27 février, Fra Giordano a changé de prison et il s'entend aussitôt communiquer les chefs d'accusation qui sont retenus contre lui. Les uns sont d'ordre purement religieux : négation de la divinité du Christ; affirmation du caractère fabuleux de l’Écriture; croyance au salut universel à la fin des temps, et notamment au salut des anges réprouvés. Les autres visent les opinions philosophiques et scientifiques exposées dans les traités cosmologiques, en particulier dans la Cène des Cendres, l' Infini, De Immenso: éternité de l'univers, rejet du géocentrisme, pluralité des mondes, etc.
L'affaire est grave. Mais les pièces manquent pour savoir comment cela a été jugé. Une seule chose a pu être établie : jusqu'au 24 août 1599, Giordano Bruno se reconnut coupable et sembla sur le point de composer avec ses juges. Or, voici soudain qu'une pièce, en date du 16 septembre, fait état de son obstination et de sa persévérance dans l'erreur. Cette attitude ne se modifiera plus. Il aurait pu se soustraire au supplice par les rétractations qui lui furent demandées jusqu'au dernier instant. Au lieu de cela, il se raidit, oppose la plus grande fermeté à ses juges consternés et, sans la moindre défaillance, marche vers le bûcher.
Congrès d’astronomie à Rome au 16ème siècle (ou Le Procès de Giordano Bruno, par Ettore Ferrari
Il y a là un mystère qu'aucun document ne peut malheureusement venir éclaircir. Certains historiens ont attribué l'ultime intransigeance de Bruno « à un trouble de l'esprit et peut-être même à une altération psychique ». Cette hypothèse, pour reposante qu'elle soit, fait bon marché, semble-t-il, de l'étonnante lucidité dont l'accusé fit preuve jusqu'à l'issue même du procès. Alors, pourquoi cette volonté de destruction chez un homme qui avait toujours manifesté beaucoup de souplesse d'échine lorsqu'il s'agissait de se sortir d'un mauvais pas ? Quel événement provoqua cette inflexibilité? Quelle force l'alimenta ? On a trop cherché le moine défroqué à travers ses multiples variations pour pouvoir comprendre cette obstination soudaine. En fait, et ses écrits le démontrent amplement où l'on retrouve, à des années d'intervalle parfois, les mêmes thèmes fondamentaux repris, développés. amplifiés, il y avait derrière l'Italien virtuose, un homme fidèle à une logique interne, qui plia souvent mais ne capitula jamais.
Il est assez vraisemblable d'imaginer qu'arrivé au bout de son voyage Giordano Bruno réalisa qu'il ne pouvait plus céder sans se trahir. Son courage fut peut-être celui du dos au mur.
MORT POUR AVOIR ÉTÉ « CELUI QUI CROIT AU MONDE »
Comme il se retrancha des vivants par son obstination, Bruno s'était coupé de la science par son attitude intellectuelle. Son œuvre, nous l'avons déjà souligné, fut avant tout celle d'un philosophe pensant au monde. Il serait difficile de rattacher à l'un ou à l'autre domaine de l'activité scientifique cette production littéraire bouillonnante qui gravite sans cesse autour de problèmes d'atomistique, d'astronomie ou de génétique, mais qui s'évade aussitôt vers la métaphysique. Il serait même très difficile de rattacher les écrits de Bruno à l'un ou à l'autre genre littéraire. Ce philosophe qui garde de sa formation le goût des cadres rigides, des explications liminaires, des nombreux sous-titres et des arguments numérotés, recourt au dialogue comme un dramaturge et écrit en vers, témoignant d'ailleurs d'une intelligence profonde de la poésie.
En somme, c'était une tentative — qu'on pourrait quasi qualifier de désespérée, mais qui fut assurément grandiose — d'appréhender l'univers, sous toutes ses formes. Elle survenait à l'heure où les premiers éveils de la science, après une longue léthargie laissaient présager le cloisonnement de plus en plus étroit qui allait s'emparer du savoir. Deux cent cinquante ans après l'autodafé du Campo dei Fiori, Marcelin Berthelot affirmait et il avait raison — qu'il était le dernier savant à pouvoir embrasser tous les domaines de la connaissance. Giordano Bruno, lui, fut peut-être le premier à entrevoir cette évolution. Comme il fut sans doute aussi l'un des premiers à pressentir le divorce de la science et de la philosophie qui devait aboutir à cette insurrection mécaniste du XIXe siècle dont nous n'avons pas fini de nous remettre. C'est en cela que les révoltes et l'effort pathétique de Fra Giordano pour établir les bases d'une éthique cosmique concernent l'homme de notre temps. Nous en sommes arrivés au point critique où l'évolution, dominée par le progrès scientifique, ne peut plus se poursuivre sans retrouver le sens d'une morale (ou d'une mystique) au sommet.
N. ALBESSARD.
Il écrivait avec cinq siècles d’avance : La matière. « Tout le corps du monde vit... La table en tant que table, n'est pas animée, ni la robe, non plus que le cuir en tant que cuir, ou le verre en tant que verre; mais en tant que choses naturelles et composées, ils ont en eux la matière et la forme. Une chose, aussi petite, aussi minime qu'on voudra, enferme en soi une part de substance spirituelle ; laquelle, si elle se trouve en milieu adapté, se développe en une plante, en un animal et acquiert les membres de n'importe quel corps communément dit animé, car l'esprit est en toute chose et il n'est pas de corpuscule, si petit soit-il, qui n'en contienne sa part et n'en soit animé...
La naissance, la vie et la mort. « Ce que nous sommes, nous le sommes par la substance indivisible de l'âme autour de laquelle, comme autour d'un centre, se produit l'exglomération et l'agglomération des atomes... La naissance donc est expansion du centre, la vie plénitude de la sphère, la mort contraction au centre. »
L 'objet de la connaissance. « Tout ce qui existe est un et la connaissance de cette unité est le but et le terme de toutes les philosophies et contemplations naturelles. Qui a trouvé cet un, je veux dire la raison de cette unité, a trouvé la clé sans laquelle il est impossible d'entrer en la vraie contemplation de la nature. » L'âme du monde. « Il est manifeste que chaque esprit a une certaine continuité avec l'esprit de l'univers... La matière engendre le divers, tandis que la forme est cause d'unité. L'action de l'esprit s'exerce sur ce monde, l'esprit se divise (ou paraît se diviser). De là une multitude d'âmes. »
L'évolution continue. « La forme ne s'épuise en aucune matière, la matière ne s'épuise en aucune forme... »
L'atome. « L'infinitude de la matière n'est pas continue mais faite de parties distinctes, lesquelles sont dans un continu infini qui est l'espace... »
La sagesse de l'homme. « La divine Sagesse a donc trois maisons, la première, inédifiée, éternelle, siège de l'éternité même; la seconde, et première engendrée, qui est ce monde visible; la troisième, et seconde engendrée, qui est l'âme de l'homme. »
L'infini. « Je dis que l'univers est tout l'infini parce qu'il n'a ni marge, ni terme, ni surface ; je dis que l'univers n'est pas - totalement infini car, de cet univers, chacune des parties que nous pouvons considérer est finie, et, des mondes innombrables qu'il contient, chacun est fini. Je dis que Dieu est tout infini parce qu'il exclut de soi tout terme et que tout ce qui peut lui être attribué est un et infini ; et je dis que Dieu est totalement infini, car il est tout entier dans l'univers et dans chacune de ses parties, infiniment et totalement. » |
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SON ŒUVRE
Les ouvrages dans lesquels Giordano Bruno a énoncé et défendu ses opinions se répartissent en deux groupes principaux : -
I - Les dialogues en langue vulgaire qui forment six traités: les trois « Dialogues métaphysiques » et les trois « Dialogues moraux ». tous ont été composés et publiés à Londres en 1584 et 1585.
2 - Les poèmes latins au nombre de trois, publiés en deux fois en 1591: « De Minimo», « De Monade», « De Immenso ». Il faut ajouter à ces ouvrages, « les Fureurs héroïques», quelques opuscules en latin et des traités de mnémotechnie.
Un roman de Serge Filippini "L'homme incendié"
VIE, PENSÉE ET MARTYRE DE GIORDANO BRUNO
DES INTUITIONS RÉVOLUTIONNAIRES
POUR ACCÉDER A L'UNIVERSALITÉ L'INTROVERSION
MORT POUR AVOIR ÉTÉ « CELUI QUI CROIT AU MONDE »
Il écrivait
avec cinq siècles d’avance