67 - FIN DE LA JOURNEE DU 11 JUILLET 1929
Visite au « Ricageot », chez Mme Gautier-Bresson, née Gabrielle Mercier, sœur de Mme Dumoulin de la Rochère. Veuve en premières noces, à vingt cinq ans du capitaine d'artillerie Dombrot, tué pendant la bataille de la marne, elle se remaria en 1921, avec M. Georges Gautier-Bresson, fils d'un officier du génie devenu industriel à Épinal et député des Vosges. Ce second mari mourut au bout d'un an de mariage, âgé de quarante ans.
Le parc du Ricageot est séparé de l'habitation par une route. Il est fermé par une belle grille en fer forgé, datant de 1735 et provenant du château de Lichecourt. Je la photographie.
Après le diner, visite à M. Biquet. Il habite le faubourg sud de Monthureux, près de la Saône.
Sa femme est flattée de notre visite. Sa grand-mère, femme d'un fabricant d'ouate était sœur de M. Bailly, quincaillier puis banquier à Darney, qui maria sa fille Léonie à M. Léon d'Hennezel de Goncourt. Les Bailly, famille d'artisans remontent au temps de Louis XIII. Le trisaïeul était maréchal-ferrant, son fils et ses deux petits-fils, serruriers habiles en ferronnerie.
On attribue au père et à ses fils, la grille de communion de l'église de Monthureux portant enlacées les initiales A.G. du curé de l'époque, Antoine Gérard. Ils travaillèrent pour l'abbaye de Droiteval.
Les Biquet possèdent des crucifix et des chandeliers que le dernier prieur aurait donnés à leur ancêtre, au moment de la révolution.
La grille du parc du Ricageot serait-elle une œuvre des Bailly...
JOURNEE DU VENDREDI 12 JUILLET 1929
Matinée avec Massey à Claudon, gros village né autour de la verrerie de Chatillon fondée par les Thiétry en 1496, et érigée en paroisse, en même temps que Hennezel en 1163. Possédée par les Hennezel, du Houx, de Feragosse, passa en 1654 aux Bonnay ou Bomet.
La halle de la verrerie se trouvait au centre du village, à coté d'un vieux puits à large margelle de granit d'un seul morceau. Au nord, ancienne demeure de gentilhomme défigurée par des persiennes et une frange de bois découpée en bordure du toit qui en font une petite maison bourgeoise. Perron de grès rappelant celui de la Pille, agrémenté d'une rampe en fer forgé de l'époque de Louis XV. Porte d'entrée à pilastres, surmontée d'un cartouche où se trouvaient des armoiries. La maison est flanquée, à gauche, d'un bâtiment de service. A droite, dans la cour, un pavillon carré, l'ancien pigeonnier, droit féodal.
La propriétaire, Mme Paul Varroy, est la veuve d'un instituteur. Née marie de Bonnay, elle est la dernière représentante de sa famille à Claudon. Nous la trouvons dans sa cuisine, en tablier bleu, occupée à faire sa lessive. Fière de nous renseigner, son accueil est parfait.
Son père, Isidore de Bonnay, cultivateur et maire de Claudon, épousa la fille d'un cultivateur au hameau du griffon et mourut en 1864. Sa maison vient de son trisaïeul le chevalier de Bonnay de la Chaussée (1753 - 1832), marié en 1186 à une demoiselle de Secretain. Son grand-oncle, Stanislas de Bonnay épousa en premières noces une demoiselle de Widranger de Serecourt, en deuxième noces une Hennezel du Tolloy.
Du premier lit, Ferdinand de Bonnay, marié à mademoiselle d'Herbel, puis à mademoiselle de Condé, qui fut père d'Anatole qualifié comte de Serecourt et de Blanche de Bonnay, la vieille fille, entichée de sa famille, qui eut une âpre polémique avec le curé de Monthureux.
Mme Varroy possède un petit tableau à l'huile peint sous la restauration, portant en cartouche « maison de M. le chevalier de Bonnay ».
Je photographie le perron, la maison, et copie l'inscription peu lisible de la pierre de fondation. Elle porte en son centre un calvaire à croix pommetée.
DUS DE A CHAV CHEV |
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DE CLAUDON
1775 |
Mme Varroy possède de nombreux et intéressants papiers de famille, entre autres des actes établissant la prétendue origine chevaleresque des Bonnay et leur filiation depuis 1148. Elle nous montre aussi le plan de l'acensements de Claudon, dessiné et peint par Aubry, en 1768.
Sur une maison voisine de celle du chevalier de Bonnay, au bord de la route allant à Hennezel, je relève cette inscription sur la pierre de fondation,
CET PIER PAUZE PAR |
DEMOIS ROSALIY DE BONNAY LE 3 AOUT 1784 |
A ETE MA |
Il s'agit de Catherine Rosalie de Bonnay, âgée de huit ans, fille de Christophe de Bonnay de la Chaussée et de Françoise de Massey. Cette enfant, en 1800, épousa Séraphin de Finance, qui fut maire de Vioménil en 1816. La maison appartient actuellement à M. Bouvinet.
L'église a été bâtie en 1763 sur un terrain donné, ainsi que la cure et le cimetière, par Charles de Bonnay de la Chaussée et sa femme, Jeanne de Hennezel de la Bataille. Le premier banc de sept places dans l'église, leur fut offert à perpétuité en reconnaissance. Le clocher fut reconstruit en 1875, par Isidore de Bonnay, maire de Claudon, grand-père de Mme Varroy. Son nom, Isidore de Bonnay, et celui de l'adjoint, J.H. Villeminot, père de sa belle-fille,sont inscrits sous le clocher à droite en pénétrant dans le porche. .
Dans le nouveau cimetière, tombes aux noms, du Houx - Bisval. Alliances du Houx - Bonnay, sépultures de gentilshommes devenus paysans.
Je photographie le monument en marbre blanc de Mme Françoise Vancon, née d'Hennezel de Bazailles, mère du vieillard que nous avons vu à Henricel, et de la veuve Colin, de la Neuve-Verrerie. Et voici l'inscription,
FRANÇOIS
VANCON
DÉCÉDÉ LE 17 MARS
1896
ÂGÉ DE 88 ANS
DELPHINE
D'HENNEZEL
DÉCÉDÉE LE 18 FEV
1900
À L'ÂGE DE 84 ANS
UNE PRIÈRE
Déjeuner dans les sapins, en vue du village de Couchaumont, une douzaine de maisons agricoles étagées sur la pente ouest du plateau au-dessus de la rive gauche de la Saône.
Un paysan qui fauche son pré, nous montre l'emplacement de la verrerie, entre la rivière et la route de Claudon. elle fut créée par deux frères du Houx, Guillaume et Didier, venus de la verrerie de Neufmont (8 aout 1554). Elle passe aux Finance, après mariage de Pierre de Finance avec la fille de Daniel Brahault, le meunier du moulin de la scie (1657). Les descendants de ce ménage possédèrent le domaine jusqu'au milieu du XVIII° siècle. En 1775, il était indivis entre une douzaine de familles.
Le moulin est situé sur la rive droite d'une boucle de la Saône. Les bâtiments sont de construction moderne, bien qu'ils portent une pierre de fondation, vieille de cent vingt cinq ans.
C.P. A ÉTÉ POSÉE
PAR MARIE-STANISLAS
BRESSON, L'AÎNÉ. ET
CHARLES-LOUIS-STANIS-
LAS BRESSON, CADET
L'AN 1804
Il s'agit des enfants du conventionnel
Bresson, député de Darney.
Par Attigny et Darney nous gagnons ce
village, peuplé de dentellières, assises devant leur porte, un grand coussin,
hérissé d'épingles, sur les genoux.
Belle église, née à l'époque romane. Elle fut celle du prieuré de bénédictins disparu avec la révolution et auquel nos pères eurent souvent a faire.
De Relanges, la route fonce vers le sud, à travers la forêt, en ligne droite sur Lichecourt.
Une perspective aménagée dans le gros de la forêt, se termine dans le lointain par la façade blanche du château.