4 - VIOMENIL   1 - 2 - 3

 

 

 

En quelques tours de roues me voici à Viomenil. C’est un village agricole et il me parait plus important que Hennezel.  Il s’étale en fer à cheval sur les deux extrémités d’un plateau, enserrant la vallée où la Saône prend sa source.

 

 L’église m’attire. Campée à la pointe du coteau, elle est aussi basse, modeste, peu ancienne. Son clocher rappelle celui de Hennezel. Son abside à pans coupés surplombe la pente du vallon, un très vieux cimetière l’entoure. J’en fais le tour avec une pieuse curiosité, comme tous les cimetières que je ne manque jamais de visiter, il a plus de raisons que d’autres de m’intéresser.

  

 Depuis quatre siècles, que de générations de Hennezel ont reçu le baptême à Viomenil, puis, leur passage en ce monde terminé, revinrent dormir sous le dallage de  cette église ou dans cet humble  cimetière. J’en pourrais presque faire l’appel en feuilletant les actes où j’ai découvert leur nom. Leurs cendres sont intégrées à la terre que je foule, depuis que leurs tombes n’ont plus reçu les soins de la génération qui les suivait. Y a-t'il seulement ici une sépulture qui soit centenaire..... 

  

Voici, adossées au chevet de l’église, dans la partie du cimetière en terrasse surplombant la rue, plusieurs tombes portant notre nom, elles sont à l’abandon, la plupart disparaissent sous les orties et les ronces, une seule, par sa forme semble plus ancienne. Elle doit remonter au temps de la restauration, elle est a demi recouverte de terre, j’en puis seulement lire le nom de «de Hennezel de Beaupré ».

  

 De cet endroit, la vue s’étend vers l’ouest, sur le moutonnement de la forêt à mes pieds, de l’autre côté de la rue, une large maison de paysan flanquée sur sa façade du midi, d’une tourelle qui a été décapitée comme celle du Grandmont. Peut-être fut-elle aussi une demeure de gentilhomme... Je n’ai pas le temps de la voir de près, il faut passer à la Pille avant de rejoindre l’abbé Gérard et M. Rodier*.

  

En quittant Viomenil, je reviens sur mes pas dans la direction de Gruey. Peu après les dernières maisons du village, j’oblique à droite et m’engage sur la route de la Pille. Elle pénètre tout de suite dans la foret et descend en lacets dans la vallée, elle est plutôt un chemin forestier qu’une route véritable. Au bas du coteau un petit pont permet de passer sur la rive droite de la Saône qui n’est à cet endroit qu’un ruisseau aux eaux rapides et claires, murmurant sous les saules.

  

La route suit parallèlement le cours de la rivière puis elle frôle les murs d’un petit jardin. Une belle maison carrée, large et trapue, noyée dans la verdure, apparaît dans un repli de la vallée, c’est le château de la Pille.

 

*Voir : Pages d'histoire sur Vioménil par Georges Varlot et Les verreries de la forêt de Darney par Paul Rodier.

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